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Nous du Collège - N 302 - Mars 2025
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Dossier L’école sur fond de guerre Actions et vécu
Le transport scolaire durant la guerre
urant les nombreux jours troubles et incertains, pas une minute ne s’écoule au service des transports sans
Dinformations… certains suivent les canaux classiques de la presse locale, d’autres se branchent sur les "updates"
dont l’avantage reste la vitesse des mises à jour, d’autres enfin arrivent à filtrer les évènements réels des rumeurs ! Bref,
la ruche reste en effervescence dès les premières heures du jour jusqu’aux dernières de la nuit.
À partir du 17 septembre, date de l’explosion des pagers, les événements sécuritaires se sont rapidement succédé. Le
23 septembre a été le dernier jour d’école et par conséquent le dernier jour de fonctionnement ordinaire des autocars
de Jamhour et de Saint-Grégoire.
Quelque temps avant la reprise progressive des cours en mode hybride, et avec les multiples avertissements quant
à l’imminence de la guerre, M. Antoine Kaddoum, chef du service des transports, s’est préparé aux changements de
circuits dans certaines régions. Cette réorganisation en amont a permis de répondre au mieux aux impératifs du terrain.
M. Kaddoum répond aux questions de la rédaction :
Quelles sont les régions desservies par les bus des deux
collèges qui ont présenté un réel danger pendant la
guerre ?
Avec la reprise progressive des cours la semaine du 7
62 octobre 2024, alors que les frappes continuent de sévir
sur la banlieue sud de Beyrouth, nous avons préféré, en
concertation avec le recteur, suspendre le transport par
souci de sécurité.
Les régions autour du Rond-point Tayyouné, l’ancienne
Route de Saïda, certains quartiers de Hadath, Galerie
Semaan et Chiyah sont régulièrement touchés, sans
parler du danger de la route vers Araya-Kahalé. L’arrêt du
transport scolaire est une mesure nécessaire, d’autant que
chaque journée représente un défi à part.
Comment se sont organisés les trajets des élèves ?
En réalité, ce sont les parents qui ont assuré le transport Illustration : Andréa Ghorra 1 re 10
des élèves. Bien entendu, cela ne s’est pas fait sans
difficultés. Il est vrai que l’arrêt de 99 bus (NDJ et CSG)
entraine la circulation de 1340 voitures à Jamhour et
200 à Saint-Grégoire de plus que d’ordinaire ! Il a fallu
réorganiser les stations où les enfants attendent leurs Au service des transports, nous avons traité un nombre
parents, les voies de passage des voitures en tenant incalculable de situations, toujours dans le calme et le
compte des embouteillages et des désagréments que cela respect. Je souligne au passage la flexibilité et la patience
occasionne aux parents. des employés qui ont montré une capacité d’adaptation
Nous savons que certains parents ont dû faire de véritables impressionnante.
sacrifices pour assurer la présence de leurs enfants sur les
campus, certaines familles déplacées ont dû se réorganiser, Comment la décision de remettre les bus sur les routes
non sans peine, pour assurer à leurs enfants une journée a-t-elle été prise ?
scolaire proche de la normale. À partir du 16 octobre, les Libanais ont mentalement
intégré le rythme de la guerre, les cibles, les mesures de
Avez-vous rencontré des difficultés avec certains parents ? sécurité, de sorte que nous avons pu envisager la reprise
Quelle que soit la situation, il existe des personnes progressive du transport scolaire. Encore une fois, nous
compréhensives et d’autres qui le sont moins. Nous avons réadapté les circuits et les points de ramassage.
avons constitué « une équipe de circulation » avec le père Au fur et à mesure, nous avons repris tous les trajets à
recteur, P. Rabih Hourani au PC et P. Antranik Kurukian l’exception des zones ciblées. Cette reprise, décidée par
au GC. Ces préfets se sont exercés avec nous au métier de le recteur, a été encouragée par le Comité des parents et
gendarme de la circulation, en essayant de prendre avec cautionnée par le ministère de l’Éducation qui a laissé la
humour certains incidents. liberté d’action aux directions de chaque établissement.

