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68 Amicale Nous du Collège - N 295 - Juillet 2021
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nos droits inaliénables et sacrés et il devient donc à réponse. Cette dernière semble revêtir l’habit du
son tour sacré, portant l’emblème de la justice. Dans mal suprême, allant complètement à l’encontre
cet État idéal, l’autorité étant bonne, le citoyen doit du concept de ce qui nous rend essentiellement
lui aussi être juste et lui accorder sa confiance, sans humain : notre liberté. Cette dernière est douce,
quoi tout le système préétabli s’effriterait. On lui subtile, spontanée et versatile, et ne peut en aucun
doit l’espérance de toujours espérer que notre État cas être cadrée par la rigidité immuable et brutale
compétent accomplisse sa mission ultime : le bien, d’un État ou d’une autorité quelconque. L’autorité
le bien commun, la paix. De plus, il est évident que nécessitant par définition une stabilité, elle est
cette autorité étatique nous transcende et nous est donc complètement opposée à la liberté, de nature
supérieure, puisqu’il suffit de voir l’état dans lequel « chamboulante ». Toute forme d’autorité pour les
nous nous trouvons sans elle : l’état de nature, anarchistes serait despotique, condamnant la vie
terrible et chaotique, régi par la méfiance et la loi de tous à la volonté d’un être, de plusieurs, ou
du plus fort. En effet, selon la théorie du contrat même de la majorité active, rendant ainsi même la
social de Hobbes, l’Homme est avant tout un être démocratie tyrannique. Pour aller plus loin, même
de désir, de pulsion (ce qui n’est pas sans nous dans le cas de l’unanimité la plus totale, il se peut
faire penser aux hypothèses de Nietzsche), dont que l’on change d’avis. Mais selon Max Stirner,
le désir ultime serait de continuer à désirer vivre dans ce cas, même l’État ne pourra plus changer,
et qui donc n’hésitera pas à démolir tout obstacle et je serais lié jusqu’à la fin à ma volonté d’hier.
osant se dresser face à lui. Il n’hésitera pas à tuer, L’État est tellement cruel qu’il me rend opprimé
à voler, à déposséder les autres de tout ce qui leur par moi-même. Cette violence accrue ne mérite
appartient… Mais dans cet état de nature, tous alors que la violence. L’État et l’autorité méritent
les hommes ayant les mêmes prétentions, tout le alors d’être détruits et non sacralisés en faveur
monde voulant être le plus fort et détrôner l’autre, d’une vie communautaire plus directe. Suite à
un climat de rivalité, de méfiance, de guerre, de cela, nous devons établir que l’État est loin d’être
peur et d’instabilité constante régnera. Ceci est impartial, loin d’être cette puissance admirable
invivable pour l’Homme qui, étant aussi un être de œuvrant pour le bien général. En effet, tout homme
raison, décidera suite à un calcul intéressé d’établir politique agent de l’autorité est partisan : il œuvre
un contrat entre chacun, et au profit d’une nouvelle certainement pour le bien de son parti politique.
instance : l’État sacré. Léviathan, prince sur les Tout homme politique est avant tout Homme et il
orgueils des enfants qui nous tire du chaos, nous œuvrera certainement pour des fins personnelles,
sauve de nous-même. Il nous garantit la paix en l’humain étant un être faible, corruptible et
réduisant nos libertés, et l’Homme peut enfin vivre orgueilleux. De surcroît, on pourrait relever que
tranquille grâce à cette instance toute-puissante l’autorité tout entière est intéressée, œuvrant pour
qui nous transcende et transcende le contrat. Au- la classe sociale la plus aisée. C’est là qu’intervient
dessus de nous, nous lui devons certainement Karl Marx et la théorie communiste. En effet, Marx
respect et adoration, cette autorité souveraine soulève le fait que l’Histoire fut construite sur une
impartiale garantissant notre coexistence en paix. mécanique injuste entre la classe riche dominante
et la classe pauvre réduite à son travail et à sa force
Mais vivons-nous vraiment dans un monde idéal, ou de production dominée. Sur cette dynamique,
nous nous retrouvons à l’Agora pour choisir de nous- la civilisation entière s’est fondée, à travers le
mêmes les lois qui œuvrent pour le bien commun ? féodalisme, l’esclavage ou même le capitalisme.
L’autorité dans notre monde est-elle vraiment Cette infrastructure est maintenue en place par la
souveraine, impartiale, synonyme de liberté ? Il est super structure de l’État qui est donc contaminé
vrai, en effet, que le monde de l’autorité semble jusqu’au fond, puisque le but de son autorité
avoir perdu son nord, sa vertu cardinale qui devrait ne sera certainement pas l’impartialité, mais de
être la justice et avoir dévié plus vers le vice, l’envie, garder au pouvoir la classe aisée de propriétaires,
l’avarice et le goût du pouvoir. En deuxième lieu, condamnant le prolétariat et la majorité à être aliénés
l’autorité serait donc brisée, déchue, synonyme de économiquement et opprimés politiquement. Quel
l’ancien monde, d’oppression, et en aucun cas digne espoir existe-t-il donc pour l’autorité ? Comment
de sacralisation. Premièrement, prenons l’exemple peut-elle encore espérer être sacralisée ? D’ailleurs,
des anarchistes. Demandez à un anarchiste si même si elle était parfaite, la sacraliser, serait-ce la
l’autorité doit être sacralisée et vous aurez votre meilleure des idées ? Certainement pas. Sacraliser