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70 Amicale Nous du Collège - N 295 - Juillet 2021
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serviteurs du peuple, et non l’inverse, qu’ils se d’amélioration de soi, semblable à la quête de
souviennent que leur but devrait être non l’arrivée perfection qu’entreprennent les chevaliers de la
au pouvoir, mais plutôt d’en être dignes, le citoyen table ronde vers le Graal, nous offrira une autorité
se doit d’être la meilleure version de lui-même. moins vicieuse et pernicieuse, responsable de
Pour ne pas tomber dans le piège du Prince idéal ses actions qui pourra alors être digne de notre
imaginé par Machiavel, nous pouvons imaginer à respect. Pour avoir cela, il faut impérativement
notre tour un Citoyen idéal qui pourra lui faire face éduquer le peuple à la citoyenneté, afin qu’il puisse
et assurer le respect de ses droits, lui qui, après être conscient du mal comme du bien commis à
tout, donne tout son pouvoir à l’autorité car en son égard. Après tout, s’il n’y avait aucun espoir
effet, qu’est-ce un Prince sans ses sujets ? pour l’autorité, cette dernière aurait longtemps
disparu et replongé l’humanité dans le chaos, et
Pour comprendre mieux les qualités que ce citoyen elle n’aurait jamais pu fonctionner dans certains
idéal doit avoir, voyons celles que Machiavel États. Il faut savoir cependant trouver, comme dans
recommande à son Prince : ayant pour but ultime toutes choses dans la vie, un juste milieu.
l’arrivée au pouvoir, le Prince use de tous les moyens
qu’il possède, légaux ou bestiaux : il n’hésite pas à En conclusion, l’autorité est dans l’idéal une instance
utiliser sa force du lion, soit la violence armée, la ruse parfaite, n’ayant pour but que la quête du Bien, et
du renard, soit les mensonges, manipulations et la dans ce cas-là, où elle nous sauve de notre état
démagogie. Le Prince agit à propos, sait s’adapter naturel chaotique, mérite notre obéissance. Mais
à différentes situations, sait mentir pour feindre pour autant, il ne faut pas la « sacraliser », puisque
la morale ou la religion alors qu’il ne s’en soucie nous sommes loin de vivre dans une utopie, et
point, et préfère être craint qu’aimé, mais évite concrètement, l’autorité peut vite se perdre dans le
d’être haï ou méprisé. Tout cela est justifié parce blizzard de la tyrannie et perdre son but ultime qui
que « les hommes sont des loups » à la mémoire devrait être la volonté générale. Il faut donc trouver
courte, infidèles, méchants. Eh bien, aiguisons nos un juste milieu, afin de vivre sous une autorité juste,
crocs encore plus, et soyons à la hauteur de ce qui cherche le Bien et la volonté générale paisible.
Prince, afin de s’assurer qu’il ait pour but d’assurer Pour cela, la clé serait une bonne éducation
nos droits et non son profit personnel. Le citoyen civique, qui permette au citoyen d’affronter les
lui aussi est versatile, et n’a pas peur de changer injustices et d’assurer sa liberté. Seulement ainsi,
d’avis. Il comprend que ce n’est pas un signe de dans un État n’abusant pas de son autorité, mais
faiblesse mais au contraire un signe de maturité. assurant mes droits, je peux, en tant que citoyen,
Si jamais le démagogue une fois arrivé en position non pas sacraliser l’autorité, mais la respecter dans
d’autorité change de discours, le citoyen n’hésite la mesure où je peux constamment la remettre en
pas à révoquer son support et à l’accorder à question.
quelqu’un d’autre. Deuxièmement, le citoyen ne se
laisse pas manipuler par les apparences du Prince.
Il porte son regard au-delà des murs d’illusions
édifiés par le Prince, et sait reconnaître la vérité.
Il ne se laisse pas manipuler émotionnellement, à
travers la nostalgie, ou à travers les promesses vides
de réaliser nos espoirs d’adolescents refoulés.
Et finalement, il n’a pas peur de demander des
comptes au Prince ; comprendre que l’autorité
en face de lui n’est pas sacrée, mais au contraire
humaine, qu’il ne faut donc pas hésiter à le
tenir responsable de ses actions, le punir et tout
simplement l’humaniser. Ainsi, cela poussera
les hommes politiques, agents de l’autorité,
confrontés au Citoyen, à se perfectionner, être la
meilleure version d’eux-mêmes, face aux citoyens
qui tentent de faire de même. Ce cercle vertueux