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56 Tribune Nous du Collège - N 296 - Février 2022
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système alimente aussi les stéréotypes racistes, personnes de couleur, qui est étroitement liée
qui associent les « personnes de couleur » à l’oppression des femmes, étroitement liée à
à des personnes de classe inferieure, etc. Il toute autre oppression sévissant dans la société.
promeut aussi les idées patriarcales, réduisant C’est pourquoi, si nous désirons la libération
par exemple le devoir d’une femme aux tâches de tous et notre propre libération des normes
ménagères, ou encore dénigrant certaines toxiques de la société, il faut avant tout remonter
religions et coutumes. à la source principale de ce fléau à savoir :
Nous sommes tous complices de ces attitudes changer radicalement la législation libanaise et
déviantes à l’origine de beaucoup d’oppressions. ses systèmes d’un autre âge pour mettre fin à la
En fin de compte, l’oppression des travailleurs Kafala.
de
migrants est étroitement liée à l’oppression des Yara Absi 2 1
La dépression, ce fléau silencieux
’on se demande souvent à quoi ressemble la dépression.
LLa dépression donne l’impression de se noyer, quand tout le monde autour de soi
respire.
« J’ai toujours été connue comme une personne pétillante, joyeuse, celle qui fait
rire tout le monde, mais ça fait longtemps que je fais semblant pour cacher ma
dépression. Je sais que ceux qui me connaissent seraient choqués s’ils savaient à
quel point je souffre, s’ils connaissaient la voix dans ma tête qui me dit que je ne
vaux rien et que je ne serai jamais assez bien. S’ils savaient que certaines nuits, je
reste allongée dans mon lit pendant des heures à me reprocher les erreurs que j’ai
commises. S’ils savaient quelle énergie il faut pour simuler un sourire et survivre à
mes jours les plus sombres.
S’ils savaient que parfois, quand je dis « je vais bien », je souhaite que quelqu’un me
regarde dans les yeux, me serre fort dans ses bras et dise « je sais que tu ne vas pas
bien ».
J’ai souvent l’impression d’être dans une sorte de réalité décalée « désynchronisée »
où je peux voir tout le monde sans pouvoir partager la réalité du monde, c’est
comme être dans une bulle, invisible pour tout le monde, te sentant froid et vide et
personne ne sait que tu es mort de l’intérieur.
Les aspects les plus effrayants de la dépression sont l’incapacité à ressentir du plaisir
ou de s’enthousiasmer pour quoi que ce soit, d’être entouré de choses qu’on aime
d’habitude sans pouvoir en être heureux ; se sentir piégé dans ses propres pensées.
Je me déconnecte parfois de qui je suis, et je me sens consumée par les symptômes
et je perds la trace de moi-même. La solitude insupportable et le sentiment d’être
totalement seule avec ma lutte... Ma raison me dit que les autres seraient mieux
sans moi, ne pas me sentir réelle et voir autour de soi que tout ressemble à un gros
nuage flou, les secondes et les heures qui passent et l’impression que tout est un
rêve sans fin.
La dépression est terrifiante, c’est bien plus que de la tristesse. Plus de 350 millions
de personnes dans le monde luttent contre la dépression, beaucoup d’entre elles
souffrent en silence.
Anonyme