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Dossier
En juillet 1998, le Nous du Collège consacre une demi-page au « polyglotte et historien » dans le cadre d’un dossier
sur les illustres Anciens. Loin de se douter que sa renommée sera mondiale quelque temps plus tard.
Nous du Collège, numéro 249, juillet 1998.
À l’occasion des 50 ans du Collège et de la parution de l’ouvrage de M. Adib Chkeiban, Si Jamhour m’était conté, en
2003, Amin Maalouf confie un témoignage unique, paru sous le titre « La nostalgie de Jamhour ».
La nostalgie de Jamhour
ans ma jeunesse, jamais je n’aurais imaginé révoltais rarement, mais à l’intérieur, je bouillonnais
Dqu’un jour j’éprouverai plus d’émotion encore en constamment. En quittant l’école, j’éprouvais, -
revoyant mon école qu’en revoyant ma propre maison. pourquoi le nier ? - un sentiment de délivrance.
C’est pourtant ce qui est arrivé une certaine journée
de mars 1994. J’avais les yeux noyés dans la nostalgie, La nostalgie est venue au galop. Bien avant cette
mes mots sortaient avec peine ; et, autour de moi, journée de 1994. Dès les premières années qui ont suivi
tout, jusqu’aux carreaux grisâtres des fenêtres, tout la fin de ma scolarité, j’avais constaté que j’éprouvais
semblait appartenir à un paradis perdu qui m’était une joie réelle chaque fois que les hasards de la vie
désormais interdit. me mettaient en présence d’une personne qui me
rappelait cette époque de ma vie. Des condisciples,
Pourtant, je mentirai si je laissais croire que mes bien sûr, qui sont demeurés proches, mais également
huit années au Collège avaient été idylliques. J’ai des enseignants, religieux ou laïcs, qui sont devenus
toujours souffert d’être réveillé tôt, et chaque journée eux aussi des amis dès que le passage des ans eût
commencée dans cette contrainte gardait jusqu’au aboli entre nous les différences d’âge et de statut.
soir un arrière-goût de corvée. Et j’ai toujours eu du Cette nostalgie de Jamhour s’est mêlée, bien sûr, à la
mal à consacrer une partie de mon attention à des nostalgie plus commune liée à la première jeunesse
disciplines qui ne me parlaient pas. Si bien qu’il y a et à ses privilèges ; mais dans mon cas, - dans notre
toujours eu, inhérente à ma présence apparente cas, devrais-je écrire sans hésiter - ce sentiment s’est
en classe, de vastes plages d’absence, qui n’avaient confondu aussi avec une souffrance plus spécifique
fait que s’étendre encore avec l’adolescence. Je me à notre génération et à notre pays. Tant il est vrai
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