Page 109 - Peurs sur la Colline
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pour aller me promener dans le quartier voisin. Je me brossais
               les cheveux devant mon fabuleux miroir. En me baladant
               dans ce quartier rempli de vie, différent du mien, j’admirais
               le  ciel  bleu,  ainsi  que  les  marchands  derrière  leurs  étalages
               multicolores. Subitement, j’eus un malaise, une sensation
               bizarre, un sentiment flou, inexplicable ! Mon âme s’assombrit
               comme si un quelconque malheur m’attendait chez moi. Je ne
               compris jamais ce phénomène d’être heureux puis de changer
               soudain d’humeur. Je décidai donc de rentrer à la maison.
               Arrivé dans ma chambre, je m’arrêtai devant le miroir pour le
               contempler. Soudainement, je vis une tache rouge profonde qui
               me fit penser à la couleur macabre du sang. J’eus le vertige, en
               proie à la confusion. Une inquiétude énigmatique me domina.
               Puis, je me ressaisis, pensant que l’une de mes servantes avait
               renversé un sirop. J’étais trop épuisé pour nettoyer la tâche,
               alors je décidai de faire une sieste. Deux heures plus tard, je me
               réveillai en réalisant que j’avais fait un horrible cauchemar : le
               miroir saignait : une main était sortie du miroir et m’attrapa le
               cou. Tout de suite, je me précipitai pour prendre une éponge et
               nettoyer la tâche. Je la frottai mais elle ne disparut pas. Frustré,
               je m’éloignai du miroir inquiétant, pour prendre l’air. Pour ne
               pas y penser, je pris un bouquin et me mis à lire.


               Ce soir-là, c’était une nuit d’encre. Une faible lueur de l’astre
               nocturne éclairait ma chambre. J’avais très sommeil. Je posai
               ma carafe d’eau près de moi et je me couvris. Subitement, mes
               yeux tombèrent sur le miroir. Je sortis du lit comme si une force
               invisible incita à m’avancer vers le miroir. Une appréhension
               étrange  me  saisit.  Inopinément,  les  douze  coups  de  minuit
               sonnèrent  ;  une  abominable  obscurité s’installa  dans  ma
               chambre, les trois bougies du chandelier s’étaient éteintes,
               suite  à  un  vent  glacial  qui  s’était  levé,  pourtant  les  fenêtres
               étaient fermées. La seule source de lumière était le miroir qui
               luisait. Une crainte  sans nom me saisit. Comme poussé par une
               main invisible, je me levai du lit et m’approchai lentement du
               miroir. Je ne pouvais détacher les yeux de cet article antique.

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