Page 111 - Peurs sur la Colline
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ma chambre. Alors, je sautai sur mes pieds, accourus vers le
miroir et posai maladroitement les mains sur le cadre de cet
objet maléfique pour le décrocher. Mais quelle ne fut grande
ma surprise lorsque celui-ci resta accroché au mur ! Je tirais de
toutes mes forces, en vain. Je décidai d’abandonner et de lâcher
le miroir, mais mes mains étaient mystérieusement collées au
miroir ! Ma surprise se teinta de peur et de confusion, la peur
de l’inconnu. Je tirais tant bien que mal, mais mes mains ne
daignaient pas obéir. Alors mes yeux se fixèrent contre ma
volonté sur le miroir, sans que je ne puisse m’en détacher.
Et je vis, là, à la place de mon reflet, un homme défiguré qui
me ressemblait beaucoup. Son visage était maculé de sang,
boursoufflé. Ses yeux étaient injectés de sang et son crâne
chauve était à moitié brûlé. Mais ce qui me choquait le plus,
c’est que c’était mon reflet ! Je vis l’homme masqué derrière
mon reflet s’approcher lentement de moi, à travers le miroir.
Son masque tomba, révélant un visage déformé par un rictus
sadique. Une satisfaction sauvage brillait dans ses yeux. J’étais
paralysé par la terreur, ainsi que par le mystérieux envoûtement.
Le roi sortit ce même couteau taché de sang d’une main et
m’agrippa l’épaule de l’autre, puis approcha son visage du
mien en me chuchotant à l’oreille : « tu m’as contrarié… tu
mourras… ». À ce moment-là, je pus décrocher mes mains
du miroir, juste à temps quand le couteau du roi franchit l’air
à l’emplacement où mon reflet était. J’étais perdu damné. Et
j’éclatai en sanglots.
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