Page 58 - Peurs sur la Colline
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Peurs sur la colline - classes de 4 e




               le nom de cette sordide embarquation, “Nuit Noire”, sortie des
               ténèbres au rythme de grincements bizarres. Le pédalo se
               rapprochait d’eux. Aussitôt, la peur se peignit sur les visages
               des enfants . Sur leurs visages livides se lisait l’épouvante.

               Inexplicablement, l’eau devint plus dense et commença à
               bouger comme si quelque chose ou plutôt quelqu’un venait
               d’y plonger. Après quelques longs instants d’inquiétude qui
               parurent des heures, une douzaine de mains, d’effrayantes
               mains couvertes de sang s’aggripèrent au pédalo des enfants
               de tous les côtés et l’emportèrent vers le bord de la rivière.
               L’échos des hurlements des trois victimes déchira le silence de
               la nuit. Les mains disparurent et leur pédalo s’immobilisa sur
               la berge… Les garçons, bouche bée, n’arrivaient plus à quitter
               leurs sièges. Effarés, ils ne purent même plus proférer un son,
               tellement  leurs  gorges  étaient  nouées  d’horreur.  Les yeux
               exorbités et sous l’emprise de l’effroi et de l’épouvante, ils se
               levèrent tout à coup, d’un bond, comme si une force invisible
               avait tiré les ficelles de leurs corps, et se bousculèrent, prenant
               la fuite sur des jambes flageollantes. Ils ne s’arrêtèrent que
               lorsqu’ils ne virent plus le lac. Ils ne voulaient pas croire à ce qui
               venait de se dérouler sous leurs yeux tout à l’heure.


               Ils étaient térrifiés. Ils couraient sans oser regarder derrière eux.
               Il couraient vers la sortie. Ils couraient vers l’abris. Les gardiens,
               deux grands colosses qui sortirent des ténèbres de la nuit, les
               arrêtèrent. Ils ne comprenaient pas la raison de toute cette
               agitation. Les garçons voulaient tout raconter… mais aucun
               son ne sortait de leurs bouches. Les hommes leur conseillèrent
               alors une bonne nuit de repos.

               Théo, Michel et Ralph rentrèrent chez eux, encore épouvantés.
               Pendant tout le temps que prit le trajet du retour, nul n’osa
               parler.  Chacun  pensait,  réfléchissait,  essayait  de  raisonner…
               On aurait dit qu’ils avaient tacitement décidé de n’en parler à
               âme qui vive de cette effroyable énigme mystérieuse. De toute

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