Page 55 - Peurs sur la Colline
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doré, blanc, argenté, tapissaient tous les coins et les recoins de
la maison. Des cadres qui serraient amoureusement Annabelle.
Annabelle qui refusait de partir… que Robert refusait de laisser
partir…. Mais Robert avait une photo favorite. Robert, tous
les matins, avant de quitter la maison, embrassait sa femme
des yeux. Robert, tous les soirs, en rentrant après son travail
n’admirait qu’une seule photo. La dernière photo de sa femme !
Il l’avait prise juste avant sa disparition, juste quelques minutes
avant l’accident fatal.
Dans cette photo sa femme était d’une beauté indescriptible,
adossée à la portière de la voiture, vêtue d’une robe blanche,
d’un blanc si pur et si vif qu’elle avait l’air d’un ange. Un ange
au visage rayonnant de bonheur…
Deux mois étaient passés depuis. Cela faisait exactement deux
mois qu’Anabelle avait disparu.
Revenu à la maison après une longue et fatigante journée de
travail, Robert se sentait épuisé.
Comme d’habitude, le jeune homme scrutait la photo de
sa femme. Il y puisait la force, le soutien. Il lui racontait
quotidiennement sa journée, comme il le faisait de son vivant. Il
partageait encore avec elle ses soucis, lui posait des questions,
attendait d’écouter son avis… et il l’attendait toujours…encore.
Ce soir-là, en accomplissant son rituel, Robert remarqua
quelque chose d’étrange, de mystérieux. Il crut voir quelques
gouttes de sang sur sa robe blanche, à l’endroit même où elle
fut blessée lors de l’accident. L’angoisse le prit. Plusieurs idées
noires traversèrent son esprit. Il les chassa, essayant de se
convaincre que ce n’était autre qu’une hallucination… qu’une
bonne nuit de sommeil le remettrait sur pied.
Le lendemain, le sommeil mouvementé qui avait été difficile
à le prendre, ne lâcha pas Robert facilement. Il se réveilla
tellement en retard qu’il dut sortir rapidement de la maison et
n’eut même pas le temps de saluer sa femme. En fait, il avait
oublié l’incident de la veille.
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