Page 72 - Peurs sur la Colline
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Le ravin
Maroun Souaiby, Jason Saouma, Anthony Moukarzel,
Marc Chahrouri - 4 2
e
e jour-là, nous étions tous réunis sur le somptueux voilier
Cblanc de M. Alfonso Velasquez, grand peintre à la renommée
internationale, aux toiles reconnues par tout amateur d’art sur
cette terre. L’ambiance était sereine et paisible, et le ciel, d’un
profond bleu azuré, se reflétait sur la calme mer Andalouse. Le
soleil, haut dans son zénith, éclairait de ses puissants rayons,
ces beaux paysages. J’étais alors capitaine du bâtiment, depuis
à peine quelques mois. C’était en 1966, une période de grandes
aspirations, mais aussi d’une constante inquiétude. L’hôte
nous contait diverses histoires de sa jeunesse et expériences
passées, que nous savourions tous, en sirotant un délicieux vin
espagnol. L’une d’elles, la plus terrifiante et la plus marquante,
l’avait inspiré à la réalisation de son plus grand chef-d’œuvre,
Le ravin. Je racontais cette aventure avec les mots exacts de
Velasquez. La voici : « À la suite de ma première vente de
tableau profitable, je décidai d’acheter une extravagante villa
de style typiquement espagnol, surplombant une vaste vallée,
couverte d’une flore méditerranéenne. Ce paysage m’inspira à
la création de diverses toiles.
À environ deux kilomètres à l’ouest de ma nouvelle demeure, se
trouvait un grand amas de ruines. Les quelques constructions
qui subsistaient suggéraient que j’avais devant moi un ancien
manoir qui, de sa simple présence, inspirait aux hommes des
inquiétudes, des frissons incompréhensibles, rappelant peut-
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