Page 69 - Peurs sur la Colline
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Jean sombra dans un sommeil agité, la BD entre ses mains.
               Tout à coup le jeune garçon se réveilla en sursaut. Des gouttes
               de sueurs froides perlaient sur son front. Il venait de faire un
               horrible et terrifiant cauchemar : Victor tenait à la main droite,
               un miroir. Tantôt il y voyait le reflet de ses yeux bleus, tantôt
               le miroir reflétait le nez crochu du monstre ! Comme s’il se
               transformait  en  cadre,  un  cadre  qui  présentait  une  photo
               du Syllas Crochu… Si singulier… Si terrifiant… recouvert
               d’épines... Les yeux  rouge sang,  Syllas Crochu y serrait les
               dents. Victor se rendormit difficilement, la BD toujours entre
               les mains, épouvanté…


               Le lendemain, le livre était au pied du lit ouvert…Victor se frotta
               les yeux… Il crut rêver… mais non… les pages étaient vides !
               Il le prit dans ses mains, les pages étaient vides… vraiment
               vides ! Les vignettes avaient disparu ! L’enfant était bouleversé
               de stupeur. Sans hésiter, apeuré et tremblant, il cacha le livre
               aux pages vierges dans son armoire.

               Victor, déstabilisé entra dans une sorte de paranoïa : son
               cauchemar ne le quittait plus. Mais était-ce vraiment un
               cauchemar ? Ou avait-il vraiment vécu les événements ? et si
               ce n’était qu’un cauchemar, comment expliquer que dans tous
               les miroirs, dans toutes les glaces, IL était là ?  Depuis dix jours
               déjà, il sentait SA présence… partout… dans chaque reflet. Et
               tout reflet était un moyen de la bête de l’approcher. En route,
               en longeant les boutiques, il voyait sur chaque vitrine l’être
               maléfique qui le guettait, tel une hyène qui guette sa proie.


               Même lui se sentait différent. Comment se fait-il que même à
               Jean il n’en avait pas encore parlé ? De toute façon, même ce
               dernier lui semblait différent. Ils faisaient le trajet à l’école en
               silence. Ni Jean ni Victor ne parlait.


               Ce matin-là, Jean n’était même pas allé à l’école. Victor eut tout
               le temps de ressaser ses idées. Il décida de passer voir son ami

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