Page 89 - Peurs sur la Colline
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On m’appelle
e
Lorika Eid - 4 5
bscur, le ciel noir plongeait le village dans l’ébène, ne laissant
Ocomme seule lueur qu’une lune blafarde qui dominait la
voûte entière de sa terrifiante splendeur. C’était un règne froid
et solitaire, puisque cette nuit-là, il n’y avait pas d’étoiles.
Le vieux manoir austère où ma famille et moi venions
d’emménager, semblait, à cette heure-ci, prendre vie. Les
sinistres portraits, les murs à la peinture écaillée, tout dégageait
une aura énigmatique, nouvelle, presque dangereuse... Ce fut
alors, qu’un bruit se fit entendre... Régulier, répétitif, au rythme
d’un cœur qui bat, au son du bois qui craque, ce claquement
soudain retentissait en échos, vibrait entre les murs, contrastant
avec le silence oppressant de minuit. Je me raidis, tous mes
sens en alerte…
Ce grincement, venait de la chambre d’en-haut.
Boum, boum, boum...
Je me dégageai des couvertures, incapable de dormir avec
tout ce vacarme. Le couloir, plongé dans les ténèbres, semblait
infini et angoissant, comme un piège que l’on tend à une souris.
Boum, boum, boum...
Et ce bruit… m’aspirait, m’envoûtait lentement, m’entraînait
vers l’inconnu - ou vers ma perte. Je dévalai les escaliers,
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