Page 85 - Peurs sur la Colline
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« Tout commença quand j’avais vingt ans, le 12 janvier 1935. Je
venais juste de perdre mon frère, Oliver, lors d’un attentat alors
qu’il était en voyage d’affaires en Pennsylvanie aux États-Unis.
Je rentrai justement de son enterrement. J’étais atterrée et
épuisée, Oliver et moi étions très proches, et décidai donc d’aller
me coucher. J’entrais dans mon lit et j’allai m’assoupir quand,
tout à coup, j’entendis mon téléphone sonner. Je décrochai,
pensant que c’était une de mes amies voulant présenter ses
condoléances. Je sentis que quelque malheur allait arriver.
Pourquoi ? Je portai l’appareil à mon oreille, je n’entendis pas
l’habituel « Oh ma chère Cheryl ! Je suis tellement désolée
pour la mort de ton frère ». Mais juste une respiration rauque
et saccadée. Je pensai que c’était une blague de mauvais goût
alors j’essayai de raccrocher mais je n’y arrivai pas. Je remettais
le combiné sur son socle mais j’entendais toujours le son de
cette respiration. J’enlevai même la prise du téléphone mais
rien ne marchait, cette respiration ne cessait pas. Enfin, prise
de panique, j’arrachai le téléphone du mur et le balançai
par terre. Il se fracassa contre les carreaux du parquet et ce
bruit horrible s’arrêta. Je ne dormis pas bien cette nuit-là. Le
son de cette respiration mystérieuse résonnait encore dans
mes oreilles. Le lendemain, j’achetai un nouveau téléphone.
Heureusement, rien ne se passa ; personne n’appela, aucune
respiration rauque ne se fit entendre et je commençai à penser
que la mésaventure de la nuit dernière n’était qu’un fruit de
mon imagination. Je décidai de me coucher tôt cette nuit-là
parce que je devais retourner à la compagnie où je travaillais le
lendemain. J’avais l’impression d’avoir somnolé pour quelques
minutes quand je fus réveillée par le son de cette respiration.
Je n’osai pas me retourner, par pudeur, pour moi-même.
Cette fois-ci, elle ne venait pas du téléphone. La personne à la
respiration lourde était vraiment là.
Elle parla avec une voix grave et profonde qui faisait froid dans
le dos « Cheryl, Cheryl…» Je demeurai paralysée dans mon lit,
terrifiée ! Peut-être, pensais-je, que cette personne, croyant que
je dormais, me laissera tranquille. La créature se rapprocha de
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