Une première! Dans l'histoire du Collège Notre-Dame de Jamhour, une musique étrange, inconnue jusqu'alors a retenti dans les murs du Centre Sportif, Culturel et Social.
Vous l'avez deviné : il s'agissait des airs harmonieux émis par la plus authentique des cornemuses écossaises. Et qui plus est, cette musique était jouée avec solennité par un officier en tenue d'apparat, de la garde écossaise de Sa Très Gracieuse Majesté.
Ce mardi 2 décembre 2008, le Centre accueillait dans le cadre désormais célèbre des « Flâneries à travers le monde », un évènement typiquement écossais : la « Scottish Night- St Andrew's Ball ». Ce soir, le Centre était devenu le foyer hospitalier d'une double manifestation culturelle. C'était d'abord celle très festive de nos amis d'origine écossaise réunis pour la Saint-André, fête patronale de l'Écosse. Mais cette occasion avait aussi séduit de nombreux « Flâneurs du mardi », empressés de découvrir par cette fête, tous les charmes de la lointaine Écosse.
À l'arrivée des invités, l'officier « bag-piper », figé dans un impeccable garde-à-vous, jouait l'air approprié pour rendre les honneurs. Une atmosphère typiquement écossaise était tout de suite créée. Il suffisait dès lors de se laisser entraîner au gré des rencontres, des échanges et des salutations, non sans s'être muni de l'indispensable accompagnement : une pinte d'ale ou un verre de ce fameux whisky écossais (Dewar's, 12 years old, Spécial réserve). Rien de tel pour se sentir tout de suite écossais avec les Écossais.
La première touche culturelle nous était offerte par les élèves de la Division des Moyens qui affichaient ici leur parfaite maîtrise de l'anglais. Ils présentaient le résultat de leurs recherches sur l'Écosse au moyen de panneaux et de montages « Power point ».
Chaque invité, verre en main, faisait un tour consciencieux pour admirer, étudier et aussi noter ces productions accrochées aux cimaises du Centre : l'Écosse vue par des adolescents libanais passés maîtres- ès-recherche. Au fil des documents, les invités s'intéressaient à ces sujets électriques : « Scottish Whisky », « Mountains of Scotland », le célèbre « Haggis » et bien entendu, « Scottish beer or ale ».
À travers des panneaux fort bien conçus, on faisait connaissance avec quelques célèbres personnalités écossaises : Fleming, Graham Bell, Fergusson. On pouvait aussi s'intéresser à l'éducation, au cinéma, à la nature, à l'Écosse tout court.
Les auteurs des travaux primés furent par la suite récompensés par Mme l'Ambassadrice de Grande-Bretagne en personne ; les fiers candidats furent aussi honorés par la musique du royal « bag-piper ».
L'effet authentiquement écossais fut créé par la tenue traditionnelle des invités. Les règles étaient respectées : écharpe aux couleurs du clan portée en sautoir par les dames ; pour les messieurs, le chic écossais était de rigueur : veste cintrée, kilt, bourse en poils de chèvre, bas qui abritaient le petit poignard, chaussures à boucles. L'élégance libanaise se trouvait, ce soir-là, mise à rude concurrence. Mais la différence des styles composait une heureuse harmonie.
Détail insolite : la sécurité de la fête l'exigeant, deux chiens renifleurs de la police vinrent faire un tour de salon, le museau en alerte, l'œil vigilant, ils se faufilèrent dignement entre les robes longues de soirée et les mollets musclés. N'ayant décelé aucun monstre du Loch Ness, ils repartirent discrètement, sans même accepter une gâterie.
La soirée avait pris très vite un caractère convivial, très « club » : papotages mondains, retrouvailles, échanges sérieux devant les productions des élèves, le tout dans un sympathique rassemblement libano-écossais de bon ton. Il faut reconnaître que le fameux whisky servi, contribuait à cette ambiance.
Toute cette assemblée se retrouva dans la salle de réception. Les mots de bienvenue et de remerciement furent alors échangés. Prirent aussi la parole Madame Joumana Hobeïka, vice-président du comité directeur, Madame l'Ambassadrice de Grande-Bretagne, Frances Guy et le Père Salim Daccache, recteur du Collège Notre-Dame de Jamhour.
Quelques sceptiques attendaient l'heure de ce dîner gastronomique. Leurs doutes se volatilisèrent à la première minute. Élaboré par le Chef Kevin MacGillivray, le dîner fut un enchantement pour les gourmets. Mais plutôt que d'en parler platement, il vaut mieux citer ici le menu. Il se lit lentement, comme un poème. Jugez-en vous-même, et vous aurez l'eau à la bouche :
Terrine of Beetroot Cured,
Fresh and Oak Smoked Scottish Salmon
with a Salad of Pickled Cucumber
Crème Fraîche Dressing
Cock-A-Leekie Soup- a small tasting of a traditional Scottish Farmhouse soup served with Oatcakes
Roast Fillet of Scotsh Beef
With "Stovie" Potatoes,
Skirlie and a Whisky Peppercorn Sauce
Iced Honey and Drambuie Oatmeal Parfait
With a Compote of Berries
Dewar's Whisky Fudge
Ces mets d'outre-mer du Nord étaient judicieusement accompagnés par les fiers produits du terroir libanais : Château Kefraya 2002 et Kefraya Blanc de Blanc.
Deux moments forts donnèrent au dîner toute sa spécificité écossaise.
Ce fut d'abord la célébration quasi-liturgique du whisky. Un vrai barde écossais, fin connaisseur, en fut le chantre et le meneur. Verre haut levé, il entonna l'hymne à la gloire du Scotch Whiskey, donnant le signal de la dégustation. Il n'était point besoin de répondre « Amen ». Nous étions tous fermement convertis et convaincus par le goût et l'arôme de ce nectar ambré.
L'autre évènement attendu fut la célébration du traditionnel « St Andrew's Ball », manifestation de la dynamique joie de vivre écossaise.
Dès lors, la reine de la cérémonie, oh pardon !, l'animatrice enthousiaste fut Madame l'Ambassadrice elle-même qui se dépensa comme une fée, vive et harmonieuse, venue des landes brumeuses de son cher pays d'origine. En maîtresse de cette fête, elle donnait ses directives aux musiciens, organisait les groupes de danseurs, stimulait les uns, invitait les autres, précisait les pas... À elle seule, Madame l'Ambassadrice représentait l'Écosse dans sa traditionnelle et dynamique joie de vivre.
Quelques danseurs, dûment préparés, vinrent se joindre à la gigue et se lancèrent adroitement dans la ronde. Mais reconnaissons-le, les écossais, messieurs et dames, étaient les maîtres de la fête, leur fête. Nous étions sous le charme de la musique entraînante et des mouvements ordonnés des danseurs. À nos tables, verres et couverts marquaient la cadence.
Cette « Flânerie en Écosse » fut un beau et grand moment car elle a permis à tous les participants, écossais et libanais, de vivre une forme de la culture : l'art de bien vivre ensemble par les traditions et par la fête.
Et puis nous savons qu'il y aura toujours à portée de main ce fidèle ami écossais, prêt à nous inviter à la fête : Le Scotsh Whisky, bien sûr !
P. Bruno Pin