Flânerie en Autriche
Mercredi 24 février 2010
La Banque BEMO, en fidèle partenaire des activités au CENTRE SPORTIF, CULTUREL ET SOCIAL, a eu l’heureuse initiative de faire de ses panneaux le support de citations sur le thème de la culture. Chacune d’entre elles mérite une attention spéciale. Justement, l’une d’elles a retenu notre attention : « La culture n’est pas un luxe, c’est une nécessité. » Telles sont les sages paroles de Gao Xingjian.
Or, c’est bien une nécessité qui motive régulièrement les participants des « Flâneries à travers le monde ». En effet, n’est-ce point une nécessité fondamentale pour l’Homme de vouloir s’ouvrir à la dimension universelle de la culture afin de connaître et de partager le sens du Beau ?
Ainsi la « Flânerie en Autriche », de ce mercredi 24 février 2010, s’est imposée dès le premier instant comme une bien agréable « nécessité », celle de se laisse saisir, en l’espace de cette chaleureuse soirée, par l’enchantement culturel que l’Autriche nous prodiguait de façon impériale.
Trois artistes furent les maîtres d’œuvre de cette découverte culturelle de l’Autriche :
Le Hall d’accueil et la Galerie du patrimoine se prêtaient à une tranquille flânerie devant la série des 25 photos signées Bassam Lahoud. Avec tout son talent, il a réussi à faire partager sa vision personnelle de Vienne. Et qui dit « ville impériale » à propos de cette prestigieuse capitale, pense aussitôt aux monuments qui en retracent l’histoire : palais, château, cathédrale, monuments, jardins…
Pour le flâneur, c’était une invitation à emprunter en esprit cette calèche tirée par de blancs chevaux pour se laisser emporter par l’admiration et la rêverie.
Il a fallu donc faire une halte attentive devant la cathédrale Saint-Etienne pour lever les yeux vers son clocher mais aussi pour fixer l’aigle impérial que des tuiles vernissées composent sur sa vaste toiture.
Plus loin, saluons ces jeunes mariés souriants qui posent devant la façade de l’imposant palais de Schönbrunn. Devant ce décor majestueux nous ne pouvons nous empêcher d’avoir une pensée pour l’Aiglon.
La façade majestueuse de la Hofburg nous attire pour imaginer les fastes impériaux qui s’y déroulaient. Est-ce un rêve ou entendons-nous quelques échos des valses de Strauss qui s’échappent de ces aristocratiques baies ?
Poursuivons le chemin pour détailler ici une grille dorée si bien ouvragée, et là une façade aux fenêtres découpées. Levons les yeux vers cette statue princière.
Mais l’espace consacré à l’exposition des photos de Vienne se prêtait admirablement aux rencontres conviviales : membres du corps diplomatique, invités, participants fidèles.
L’indispensable verre de l’amitié à la main, chacun se livrait au plaisir, « nécessaire », de partager ses impressions ou d’évoquer ses souvenirs ou tout simplement d’échanger quelques nouvelles. Encadré par les photos de Monsieur Bassam Lahoud, l’Espace se donnait un petit air de Cour impériale.
Mais la vedette de la soirée fut sans conteste Docteur Eva Maria Ziegler, ambassadrice de la République d’Autriche. En cette soirée, elle assuma avec maestria une double fonction. Elle était d’abord, dans sa fonction diplomatique, la co-hôtesse efficace et souriante de cette flânerie placée sous son patronage. Avec son élégance et son accueil attentif, elle donnait à cette soirée son caractère officiel certes mais aussi sa dimension festive, culturelle et amicale.
Puis pour le plus grand plaisir de tous les participants, la gracieuse diplomate s’avéra être aussi une cantatrice de haut talent, spécialiste des célèbres lieder. Ainsi, devant son auditoire conquis, Docteur Eva Maria Ziegler, en mezzo soprano, nous entraîna dans le monde enchanté des œuvres de Joseph Haydn, de Wolfgang Amadeus Mozart, de Franz Schubert et de Gustav Mahler.
Harmonieusement soutenue par l’accompagnement au piano de Madame Olga Bolun, la voix de la chanteuse envoûta littéralement l’auditoire pour le plonger dans l’atmosphère née des lieder : paisibles paysages bucoliques, scènes champêtres, tendres amours villageois, vieilles légendes…
Entièrement donnée à son art, la chanteuse nous faisait vivre ce qu’elle chantait. Les mélodieuses intonations de sa voix, bien soutenue au piano par sa partenaire, se complétaient par les expressions parlantes de son regard, de ses sourires pour exprimer harmonieusement les sentiments et les mouvements du lied.
Autriche, heureux pays dont les fins diplomates possèdent aussi l’art de chanter la beauté et la joie de vivre ! Le grand Metternich aurait donné ce soir-là le signal de nos enthousiastes applaudissements.
Mais il nous fallut nous arracher des confortables fauteuils de l’Espace Naoum Khattar et par là-même de cette douce béatitude musicale engendrée par le lied autrichien.
Dans la salle Michel Eddé, un autre artiste nous attendait : le Chef Valentin Siglreithmaier. Mais tout d’abord, selon la conviviale tradition, les mots de bienvenue se devaient d’être échangés.
Madame Joumana Hobeika ouvrit le ban. Avec son aisance coutumière, elle traça le tableau succinct de l’art en Autriche, citant ces noms glorieux : Zweig, Mozart, Klimt et Strauss. En effet, « l’Autriche a beau être un petit pays, son influence dans la vie culturelle européenne est des plus importantes. Vienne n’est-elle pas d’ailleurs reconnue comme le berceau de la musique classique en Europe, voire au monde ? »
Puis le Père Bruno Sion, s.j., recteur du Collège, se situe tout de suite dans la tradition des flâneries : établir un rapport entre la Compagnie de Jésus et le pays concerné.
Mais le bilan semble limité dans ce domaine en attendant un avenir plus riche.
Personnellement nous n’avons trouvé que trois jésuites autrichiens venus au Liban et en Égypte au siècle passé pour faire de brèves études orientales.
Mais le fait historique essentiel est donné par cette référence : « Sous l’ardente impulsion de saint Pierre Canisius, l’Autriche redevint un pays catholique avec une surprenante rapidité. L’une des armes jésuites pour combattre le Réforme fut la même qu’au Liban : les congrégations mariales. Là comme ici, Notre Dame fit la différence. »
S.E.Dr Eva Maria Ziegler, ambassadrice de l’Autriche au Liban, déclare toute souriante qu’elle souhaite limiter ses propos « à quelques remerciements ». Elle le fit avec chaleur et amitié envers tous ceux qui avaient contribué à la réussite de cette soirée. Mais ce soir-là, qui finalement devait remercier qui ? Oui, c’était aussi à toute cette assemblée d’amis de l’Autriche de remercier celle qui fut l’ambassadrice de la culture musicale de son pays. Et nous ne pouvons qu’exprimer encore ici nos chaleureux remerciements pour tout ce que Dr Ziegler offrit à tous en cette flânerie.
Mais en fine diplomate doublée d’une vigilante maîtresse de maison, Dr Ziegler se voulut brève car il ne convenait pas de faire attendre le Chef qui montait une garde attentive près de ses fourneaux. Son heure de gloire gastronomique avait sonné !
Dans un ballet bien orchestré, les serveurs montèrent à l’assaut des tables aux blanches nappes si bien décorées.
Relisons pour le plaisir le « Dinner Menu » préparé par le Chef Valentin Siglreithmaier avec l’assistance de l’Hôtel Intercontinental Phoenicia :
Smoked trout on horse radish crème
(délicate allusion à la célèbre « Truite » de Schubert).
Boiled round of beef with apple horse radish and roasted potatoes.
Chocolate soufflé "Austrian Style" with vanilla ice and whipped crème.
Avec une promptitude digne des serviteurs des Noces de Cana, les serveurs veillaient sur les verres, proposant le « Château Kefraya 2006 rouge» ou « Château Kefraya Blanc de Blanc ».
En arrière-fond visuel et musical, la projection d’un concert de l’orchestre philarmonique de Vienne achevait de parfaire l’ambiance « impériale » de cette flânerie.
Mais la quintessence de la culture de l’Autriche nous fut gracieusement offerte sous la forme appréciée d’une bouteille d’un vin renommé : SHLOSS GOBELSBURG.
Ainsi en cette fin de soirée, en portant avec respect dans ses bras le précieux flacon de ce nectar, c’était un peu de l’Autriche que chacun serrait sur son cœur !
Père Bruno PIN