Bienvenue au Collège Notre-Dame de Jamhour des pères jésuites.
Dans nos flâneries, il revient au recteur de chercher quelque rapport entre le pays où l’on flâne – aujourd’hui la Chine – et la Compagnie de Jésus, universelle aussi bien que locale. Je le ferai en quelques dates :
1582. Le Père Matteo Ricci atteint la Chine. Il allait pratiquer ce qu’on appelle l’inculturation : se pénétrer de la culture et des valeurs de la civilisation chinoise pour y adapter le message chrétien. Avec ses confrères, ils ont choisi une entrée « par le haut » : convertir les élites, les citadins, en se disant que le peuple des campagnes suivrait. Grâce à leur science astronomique et à leur technologie (ils apportèrent l’horloge à la Chine), ils réussissent à se faire connaître de l’empereur. Mais leur succès suscite des jalousies ; ils sont dénoncés à Rome : ils s’habillent comme des lettrés, se font porter en palanquin, disent la messe en chinois, respectent le culte des ancêtres. Une bulle (« Ex quo singulari providentia ») de Benoît XIV condamne l'action des jésuites, les trouvant « trop chinois ». Ils se soumettent en traînant les pieds – cela fut un des arguments dans la bataille qui aboutira à la suppression de la Compagnie en 1773. Jean-Paul II va réhabiliter plus tard l’action de ces premiers jésuites.
La Compagnie, rétablie en 1814, reprend ensuite une activité missionnaire en Chine, mais dans le contexte du colonialisme, qui suscite des réactions. Lors de la révolte des Boxers, en 1900, 4 jésuites français sont assassinés dans leurs églises.
1903. Des jésuites chinois et français fondent l’université Aurore, à Shanghai. Elle s’y développe rapidement, sur le même modèle que l’Université Saint-Joseph à Beyrouth. Aussi lorsqu’en 1952 les professeurs jésuites doivent quitter la Chine, ils s’arrêtent à Beyrouth : les pères Jacques Flamet et Louis Dumas à la Faculté de médecine, le père Henri Ketterer à l‘Esib. Le père Jacques Loiselet, qui se formait en France pour l’Aurore, les rejoindra à l’Université Saint-Joseph. Aujourd’hui encore, il connaît mieux le chinois que l’arabe.
14 avril 1931, le père Pierre Teilhard de Chardin quitte Beyrouth avec la Croisière Jaune, l’expédition Citroën qui va suivre la route de la soie jusqu’à la Chine où il est paléontologue pour le compte du Muséum d’histoire naturelle de Paris.
2006, le 10 novembre à Beyrouth, est signée la convention de fondation de l’Institut Confucius de l’Université Saint-Joseph, mais là nous sommes dans l’histoire en train de se faire, grâce à vous, Excellence, qui soutenez efficacement les activités de ce centre d’enseignement de la langue chinoise, de promotion de la culture chinoise, d’échanges libano-chinois ; un centre où l’on enseigne aussi toutes les disciplines en relation avec la Chine telles que la politique et l'économie chinoises, la médecine traditionnelle, les arts martiaux, la cuisine, ainsi que la calligraphie et la peinture traditionnelle.
Vous êtes donc ici chez vous, Excellence. Et la soirée qui nous réunit ne sera qu’un jalon de plus dans la longue histoire de vos rapports aux pères jésuites. Elle a magistralement commencé, par l’exposition et par ce vivant documentaire. Elle se poursuivra par un repas où nous sommes assurés de retrouver la gastronomie chinoise authentique, agrémentée d’une animation d’origine. Laissez-moi vous dire le souvenir ému que je garde du spectacle que nous donnèrent les artistes de l’opéra de Pékin un certain soir du 7 mai 2008 au théâtre Monnot.
Remercions ceux qui ont rendu cette soirée possible : vos services, les services du Collège et du Centre, la présidence du Centre. Et remercions aussi ceux qui en assurent le succès : vous tous qui êtes venus flâner à Jamhour ce soir.
Vive le Collège Notre-Dame de Jamhour, vive la Chine, vive le Liban !