CSCS : Flânerie à la Békaa

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Flânerie à travers le Liban
au Centre Sportif, Culturel et Social
Le mercredi 18 mai 2011
« Flânerie à la Békaa »

L’apothéose ! Il n’y a pas d’autres formules pour qualifier la dernière Flânerie à travers le Liban. Elle a été vécue, et même célébrée, comme une fête somptueuse dont la Békaa était l’heureuse reine.
Chacune des Flâneries précédentes, organisées selon une formule éprouvée, avait été un brillant succès. Grâce à leur réputation, les Flâneries du Centre Sportif, Culturel et Social ont désormais acquis le statut de manifestation culturelle type.

Ce mercredi 18 mai 2011, la Flânerie à la Békaa fut le triomphal couronnement de cette série de soirées culturelles, dont le charme et l’intérêt ne sont plus à démontrer.

Comme l’avaient si bien programmé les organisateurs du Centre Sportif, Culturel et Social, le Liban fut systématiquement dévoilé et redécouvert en ces cinq Flâneries échelonnées sur l’année culturelle.
Ce Liban, inépuisable en ses belles et riches réalités, les Flâneurs ont pu le re-voir à travers le regard de peintres talentueux ; ils ont pu l’entendre chanter sa joie de vivre au son des musiques des régions ; ils l’ont savouré dans ces plats typiques qui font sa renommée gastronomique ; ils ont découvert les trésors de son patrimoine archéologique ; ils y ont cheminé de village en village, de sa côte à ses sommets à travers ses vallées.

Ainsi, en habitués, les Flâneurs de ce mercredi 18 mai perçurent tout de suite cet air familier qui est le propre de la Békaa.

Ils franchirent le seuil du Pavillon au rythme du pilon qui marquait joyeusement la mesure dans le mortier à café ; tout de suite, on put humer l’arôme de ce nectar noir qui chantonnait selon les rites dans la cafetière posée sur le brasero. Une mise en bouche traditionnelle accueillait les arrivants : ces petites galettes encore chaudes, délicieux manakiches cuits sous nos yeux par deux hôtesses en costume festif. Car tout ce rituel de l’accueil était assuré avec naturel par des habitants de la Békaa aux vêtements traditionnels. Nous venions bien de pénétrer dans la Békaa.

Mais cette manifestation de l’hospitalité typique était le seuil à franchir pour pénétrer, par la voie de l’Art, au cœur de la Békaa.

Sous l’effet du pinceau de deux artistes peintres, une Békaa transfigurée en couleurs et lumière, s’offrait à notre regard.

Pour clore en beauté, l’exceptionnel panorama de la peinture libanaise dont le Centre Sportif, Culturel et Social s’est fait cette année le passionné metteur en scène, deux grandes artistes, filles de la Békaa, avaient accepté d’illuminer les grises cimaises avec leurs œuvres. Deux visions de la Békaa, mais une unique passion.

« La Békaa en mémoire » de Mme Martha Hraoui et « La poésie de la Békaa » de Mme Mouna Bassili Sehnaoui. Ces deux artistes sont déjà bien connues des amateurs éclairés. Leur réputation a franchi les limites de leur Békaa, et même de leur Liban, pour s’imposer lors d’expositions internationales. Sous leur pinceau, la poésie des formes et des couleurs, dont la Békaa est la palette, recomposait une Békaa si intensément présente dans leur mémoire.

Offrons-nous un arrêt sur image. « Bekaa in winter », de Mme Mouna Bassili Sehnaoui. Ici la poésie picturale emplit un espace profond où s’entrecroisent des parcelles carrées et nues. Ces terrains s’étendent vers un lointain sommet. La terre hivernale, bleue et brune, est enserrée par les flancs sombres des montagnes rayées de blancheur. Vison d’une Békaa froide et dépouillée ? Non, car l’artiste y apporte cette note de poésie, humaine et chaleureuse. L’esprit « Békaa » émerge de la froidure : oùd, arak, vin, grappes, autant d’invitations à la chaude convivialité.

Mme Martha Hraoui nous le confiait : sa peinture est pour elle « mémoire » de sa Békaa, berceau d’une enfance heureuse. Elle porte dans ses œuvres sa vision de la Békaa sous ses couleurs saisonnières. Il y a toujours un rappel, une réminiscence de « sa » Békaa dans les œuvres qu’elle expose dans les galeries les plus célèbres des USA, de l’Europe. Et pour comprendre la clé de son œuvre, cherchez « la maison », celle de son enfance. Aviez-vous remarqué que « la Maison » apparaît justement dans une douzaine de ses œuvres exposées : maison qui se détache de l’environnement ou le domine, avec arcades, coupoles, formes… En bleu de rêve, en rouge vif du souvenir, en or du bonheur vécu, c’est la Maison. Mais Martha Hraoui élargit sa vision personnelle de la Békaa à une expérience spirituelle, celle du chemin. Commencé avec le cheminement à travers champs et vignes de la Békaa, le chemin franchit un autre espace, celui du chemin de Saint Jacques de Compostelle, dont elle a senti et vécu l’appel. « Poursuivant le chemin », titre d’une toile exposée mais aussi sens d’une vie.

Un aimable quintette (ils étaient finalement 4) de conférenciers, tous porteurs d’un message dont la Békaa était l’essence, allait se charger de maintenir l’auditoire sous tension et attention.
Honneur aux vigilants gardiens du patrimoine archéologique. Mlle Laure Salloum, archéologue de la DGA, responsable de la Békaa nord, vint faire le point sur les activités actuelles de l’archéologie. Outre Baalbeck, plusieurs sites sont l’objet de travaux, de fouilles et de restauration. Les conflits ont meurtri un patrimoine qu’il faut restaurer et sauvegarder. Plusieurs temples sont en chantier : Dakwe, Halwa, Majdel Anjar, Aïn Harcha. Et comment ne pas partager l’indignation des archéologues face aux méfaits de l’ignorance : pillage des « chasseurs de trésor », vandalisme…

Mais la Békaa est un ensemble façonné par le cadre géographique, l’histoire, l’agriculture. Le Dr Hayyan Salim Haidar, membre du Forum de l’Unité nationale et de la Fondation du patrimoine, développe ce sujet indispensable pour comprendre ce qu’est Baalbeck : un patrimoine, des générations, un mode de vie. Tout Baalbeck y est condensé : le passé et le présent, les contrastes, les réalités humaines.

« Baalbeck est au cœur du Liban, tout le Liban tient Baalbeck à cœur ».

Mais la Békaa, c’est aussi le terroir, unique en son genre et privilégié par la nature, du VIN. Et qui parle du vin au Liban pense aussitôt « Ksara, le vin du Liban ». Mlle Rania Chammas, PR executive chez Château Ksara, présenta un excellent montage retraçant l’histoire de la vigne et du vin au Liban et l’histoire du Château Ksara. Quelques références utiles : la vigne et le vin étaient déjà connus dans cette partie du Moyen-Orient environ 5000 ans avant J.C.

Ayons une pensée reconnaissante pour ce multi-centenaire que fut le bon père Noé qui, selon la Bible, fut le premier à cultiver la vigne (et le premier à s’enivrer). La légende locale assure que le tombeau de ce bienfaiteur de l’humanité se trouve justement près de Zahlé, à Karak.

Quelques chiffres pour comprendre Ksara :
1857 :    installation des Jésuites
1860 :    fondation du couvent de Tanaïl
1898 :    découverte des grottes
1973 :    Société « Château Ksara »
Ksara : 2,7 millions de bouteilles par an (quelques-unes seront agréablement vidées lors de cette soirée).
45% de la production est exportée.

Enfin, Château Ksara, c’est aussi un objectif.
« Ksara avec sa longue tradition, se régénère et s’engage plus que jamais dans sa politique de qualité. Satisfaire le consommateur est certes notre devise, mais nous prétendons à plus. Il s’agit pour nous de sacrer le « vin du Liban dans la famille des meilleurs crus du monde ».

Monsieur Fouad el Turk, qui a été un grand diplomate au service du Liban, avait accepté de se faire pour nous le chantre d’une grande figure poétique du Liban : Saïd Akl, poète, penseur, grand visionnaire de la libanité. Ceux qui ont entendu le grand Saïd Akl dans ses déclamations, auront pu remarquer que la conviction amicale donnait à Monsieur Fouad el Turk les mêmes intonations et la même voix passionnée qui étaient celles de Saïd Akl.

Pouvait-on célébrer la Békaa sans évoquer la Compagnie de Jésus qui, dès 1833, en fit un territoire de mission.

Le Père Denis Meyer, s.j., en retrace l’histoire séculaire. Zahlé, Ksara, Tanaïl… hauts lieux où la Compagnie de Jésus a tant donné de missionnaires et de pasteurs : martyrs, savants, prédicateurs, fondateurs de congrégations de religieuses, enseignants, animateurs d’un sanctuaire marial, directeurs d’écoles, gérants de propriété agricole et viticole, curés…

Aujourd’hui le Couvent de Tanaïl poursuit sa mission séculaire : il est un centre spirituel pour les retraites selon les Exercices de St Ignace, c’est aussi le centre d’un réseau éducatif regroupant trois écoles.

La tradition du Dîner gastronomique devait connaître une innovation éblouissante : la fête associée aux tables. Mais justement, les tables portaient comme des drapeaux glorieux les appellations des célèbres crus du Château Ksara. Pavillons au vent, elles semblaient être une flottille blanche, prête à s’élancer vers une croisière festive.

Le coup d’envoi fut donné par l’inattendue apparition de la troupe « Youssef el Mouakkar », dont la présence était un cadeau amical de la Municipalité de Zahlé.

La Békaa, terre où il fait bon vivre, envahit joyeusement l’espace laissé libre. La troupe joua, dansa, fit vivre le travail et la fête, les moissons, les vendanges, les mariages…

Au rythme de la musique authentique de cette fête, les danseurs aux belles tenues rouges, brillantes, ne faisaient pas qu’occuper l’espace mais prenaient possession des cœurs qui battaient à la mesure de cette musique.

Entre deux interludes dansés, les convives se retrouvaient devant le buffet qui annonçait lui aussi la joie du bien-manger selon les meilleures recettes du terroir.

Puis la danse s’élargit, entraînant dans la même farandole les danseurs et les invités qui attendaient impatiemment leur heure. Dames élégantes et messieurs décravatés retrouvaient le pas de danse dont le rythme ne s’oublie pas. La Dabké, en une mouvante sarabande, circulait en une joyeuse colonne où tous, de la hanche et du talon, dansaient l’heureuse convivialité.

Apothéose, disions-nous au début, oui, dans cette communion de la culture, de la joie de vivre partagée et de la fête donnée.

C’était toute la Békaa !

Père Bruno PIN
NDJ

 


 

Dans le cadre de son Atelier Culturel
Flâneries à travers le Liban
Le Centre Sportif, Culturel et Social
du Collège Notre-Dame de Jamhour
a le plaisir de vous convier à une
Flânerie à la Békaa
le mercredi 18 mai 2011 à 19h30,
au Bâtiment Culturel Wafic Rida Saïd

Accès par le Petit Collège

Au programme

  • Exposition
    • « La Békaa en mémoire », Mme Martha Hraoui :
    • « La poésie de la Békaa », Mme Mouna Sehnaoui
      Hall d’accueil, Espace Samir Mokbel et Galerie du Patrimoine, Espace Béchara Nehmé
  • Conférence à cinq voix
  1. « Activités archéologiques dans la région de la Békaa» par Mlle Laure Salloum, archéologue à la DGA, responsable de la Békaa nord
  2. « Baalbeck: Patrimoine, Générations et Mode de Vie» par Dr Hayyan Salim Haidar, membre du Forum de l'Unité Nationale, de la Fondation Nationale du Patrimoine et du Comité International pour la Sauvegarde de Tyr
  3. « Château Ksara ; l’histoire du vin du Liban et de la Békaa. » par Mme Paulette Bou Mouncef, responsable du Département de Viticulture et Mme Rania Chammas, PR Exécutive
  4. « Saïd Akl » : ???? ? ????? ?? ??? ???? ??? par S.E.M. l’ambassadeur Fouad Turk.
    Salle de conférences, Espace Naoum Khattar
  • Dîner gastronomique traditionnel
    • Interlude de dabké prévu par la troupe « Youssef el Mouakar »? offert par la municipalité de Zahlé.
      Esplanade Georges Husni

Frais de participation : 100,000L.L.
Pour vos réservations et informations, appelez le 05-924002 avant le 14 mai 2011

Sponsors
Banque BEMO
L’Orient-Le Jour, Femme Magazine, Hebdo Magazine, Noun
Château Ksara, Académie Libanaise de la Gastronomie, Municipalité de Zahlé
Chronic Care Center, Fondation Joseph Skaff