Père Dany Younès, s.j.

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Le père Dany Younès est né le 3 mai 1974 au Chouf à Kfar Atra et a grandi à Aïn el Remmaneh. Après une scolarisation chez les Frères des écoles chrétiennes - Mont-La-Salle, il décide de suivre des études en économie à l'USJ. En 1995, il entre au noviciat de la Compagnie de Jésus au Caire « attiré par les Exercices de Saint Ignace », par le biais desquels il découvre « un monde intérieur passionnant, comme une source de joie et de motivation, qui à la fois [le] pousse à l'extérieur, à faire face aux désolations du monde, comme à [ses] propres désolations personnelles : l'injustice, la violence, la jalousie, le désir de pouvoir sur les autres, le refus de soi (toutes sortes d'addiction), l'exclusion (toute sorte de racisme), ... bref, [il a] découvert dans l'aventure spirituelle qu'il y a un Sauveur, [son] Sauveur et le Sauveur du monde », un Sauveur qui s'adresse à lui personnellement l'invitant à œuvrer avec lui pour le Royaume. Ainsi vit-il de cette expérience profonde soulignée par saint Ignace, celle de voir Dieu à l'œuvre aujourd'hui, nous invitant à nous mettre à notre tour à l'œuvre en le contemplant et en l'imitant. « Je suis, dit-il, le collabo de Dieu ».

 

À Jamhour depuis septembre dernier, le Père Younès s'emploie à terminer un doctorat en philosophie pour remplir au mieux la mission que lui confie l'Église à travers ses supérieurs, celle de travailler à l'USJ à la formation de jeunes jésuites : « Je travaille donc à l'USJ, et je prépare un doctorat en philosophie pour que mon travail soit plus efficace et plus profond. J'accompagne aussi les jésuites qui commencent leurs études afin qu'ils en tirent le plus grand profit. Cela me prend la plus grande partie de mon temps, et c'est bien ! Je donne aussi des retraites spirituelles inspirées par les Exercices de saint Ignace, et j'accompagne plusieurs personnes afin qu'elles entendent l'appel consolant du Seigneur. »

 

Mais pour en arriver là, le Père Younès a dû suivre une longue formation dans la Compagnie : « Après le noviciat (2 ans), où j'ai approfondi l'expérience spirituelle qui m'a amené à la vie religieuse, je suis passé à la période des études. Les études ne consistent pas en des devoirs et examens, mais en une recherche passionnée de tout ce qui concerne l'Homme. Apprendre, c'est se laisser toucher et émouvoir par ce qui fait bouger le monde. Apprendre, c'est déjà « aimer son prochain ». Parce que aimer, c'est d'abord s'intéresser, ne pas être indifférent et insensible. Mes études, je les ai faites à Beyrouth (2 ans), à Paris (4 ans), à Munich (3 ans), avec deux ans de travail dans un collège jésuite au Caire pour goûter à notre mission ! Après ces années, j'ai reçu ma mission actuelle. »

 

Pour lui, vivre dans la Compagnie de Jésus, c'est vivre en « compagnie de Jésus » : animé par une ambition plus vaste que tout pays, que toute cause humanitaire, et cependant « incarnée », ici et maintenant, avec des personnes concrètes qui ont un nom et une histoire chaque fois unique ; c'est vivre simplement, en renonçant aux ambitions de pouvoir, de séduction, aux richesses qui ne portent qu'une illusion de bonheur. Vivre dans la Compagnie de Jésus, c'est vivre avec des frères, avec tout l'effort exigé pour se comprendre mutuellement, pour se consoler mutuellement, collaborant à une même mission avec des positions parfois divergentes, parfois convergentes. Finalement, vivre dans la Compagnie de Jésus, c'est célébrer l'amitié : l'amitié du Christ, l'amitié des compagnons jésuites, et l'amitié universelle avec tous les hommes et les femmes.

 

Le Père Younès admet que ce n'est pas toujours facile mais souligne en même temps la difficulté de toute vie, quelle qu'elle soit. Cependant, il insiste : « Saint Ignace m'a appris à mieux gérer les périodes difficiles de la vie. En fin de compte, si ce n'est pas une relation personnelle qui m'anime, l'engagement religieux est impossible ».

Frère Jad Chebly, s.j.

NOUS du Collège 276 - Février 2012