Page 51 - Peurs sur la Colline
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yeux pétillants où il faisait bon de se noyer. Le rouge vermeil
               de ses lèvres pulpeuses dessinait le plus beau sourire que Karl
               ait jamais vu ! Il l’ensorcelait... Littéralement ! Surtout quand ce
               sourire lui était adressé…

               Quelques mois leur suffirent avant qu’ils ne se décidassent à
               emménager ensembles. La vie ne pouvait être plus belle !
               Estelle adorait son compagnon. Elle adorait l’écouter jouer.
               Elle  s’asseyait  près  de  lui  à le  contempler.  Et  ça  le  rendait
               extrêmement heureux.
               Il jouait de tout son cœur pour combler sa bien aimée.
               Jour et nuit, il lui composait des chansons. Leur amour était si
               beau, si profond… Rien ne devait les séparer.

               Pourtant, jour après jour, les couleurs d’Estelle s’estompaient.
               Le soleil ne semblait plus vouloir se lever… Le rose de ses
               joues semblait être englouti, petit à petit, par les fosses qui
               creusaient désormais ses joues. Seul son sourire ne la quittait
               jamais, irréprochable… Mais Karl s ’en inquiétait. Il la suppliait
               d’aller voir un médecin. Elle refusait. Elle usait de ses charmes
               pour changer de sujet. A chaque fois. Elle lui demandait de
               lui jouer encore. Lui rappelant que sa musique était, et sera
               toujours, indéniablement, son seul remède, son seul secours.
               De toute façon, qu’aurait-il pu faire ? Elle, elle savait. À quoi bon
               le tourmenter ?
               Décembre était là. Le plus beau mois. Le plus magique. Et le
               plus froid…


               Le froid, qui devint l’ombre d’Estelle, qui l’emporta... Elle avait
               tenu jusqu’à Noël. Le lendemain, elle s’en alla... tout simplement,
               paisiblement... Laissant Karl tout seul... Incrédule.
               Estelle mourut laissant le pauvre Karl, seul dans ce monde
               injuste. Le jeune homme affligé, n’était plus le même… Comme
               si une partie de lui avait disparu. Et pourtant, il voyait Estelle
               partout. L’échos de son rire raisonnait dans la maison. Son
               parfum flottait dans l’atmosphère, tenace… et son sourire…

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