Page 47 - Peurs sur la Colline
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vides, elle ne sentait rien, il n’y avait pas de moignons ou
               quoique  ce  soit, juste…rien.  C’était  aussi  inexplicable  que
               terrifiant. Elle ne ferma pas l’œil de la nuit, s’agitant et se
               retournant dans son lit, le sommeil hors de portée. Et si le vide
               se mettait à grandir, pour avaler toute sa main, puis son bras et
               puis… et puis elle allait disparaitre ? Devrait-elle faire semblant
               de vivre normalement. Elle espérait que le bout de ses doigts
               réapparaitrait le lendemain, comme si de rien n’était. Ou mieux,
               que tout cela ne soit qu’un cauchemar vraiment étrange qui se
               terminerait très bientôt.


               Le lendemain, le  bout de ses  doigts n’avait  pas repoussé et
               elle commençait à penser que ses doigts ne réapparaitraient
               jamais. Sonia songea à ce qui s’était passé. Les événements qui
               s’étaient produits l’avaient marquée. Devrait-t-elle porter des
               gants jusqu’à la fin de sa vie ? Cette idée trotta dans sa tête
               durant le reste de la journée.

               Le lendemain, Léa porta sans hésitation ses gants afin de
               cacher  sa  main.  Ses  doigts  n’avaient  toujours  pas  repoussé.
               Ce qui s’était passé l’affecta terriblement à tel point qu’elle ne
               cessait de se poser des questions. Quelques jours plus tard, sa
               main n’avait pas changé mais ses doigts la gênaient un peu.
               Puis elle ressentit une douleur  intense. Soudain,  une envie
               violente s’empara d’elle. Elle devait revenir là-bas et toucher
               le miroir. Sonia s’habilla en hâte et sortit de la maison pour se
               diriger vers la boutique. L’homme n’y était pas. Il y avait une
               femme à la place. Elle avait un teint pâle et ses yeux perçants
               étaient inexpressifs. Sonia se rua vers le fond de la boutique
               et toucha le miroir. Celui-ci fit disparaitre un peu plus de sa
               main. Mais, Sonia continuait à ressentir souvent ce besoin de
               plus en plus fort de visiter la boutique afin de toucher le miroir.
               Presque tous ses doigts et même sa main avait disparu.


               Elle  poussa  la porte de  l’entrée  déclenchant  l’habituelle
               sonnette. Ce son, qui lui avait paru mélodieux il y a quelques

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