Page 48 - Peurs sur la Colline
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Peurs sur la colline - classes de 4 e
mois de cela, était maintenant comme l’annonce de la torture
qui l’attendait. Elle devait perdre, chaque fois un peu plus,
non pas de sa main, ou de son corps, mais d’elle-même, elle se
sentait à chaque fois plus lasse, plus fatiguée, plus proche de
la mort. Être son propre bourreau était bien pire que ce qu’elle
avait imaginé au début.
Assis derrière le comptoir, ce n’était plus la femme qui était là,
c’était l’homme du premier jour. En la voyant passer il sembla
réfléchir tout en fixant sa main recouverte de bandages. Quant
à Sonia, elle remarqua qu’il ne portait plus de gants. Ses mains
étaient saines et lisses, contrairement au reste de son corps,
décrépi et vieux. Ses joues avaient repris des couleurs et il était
un peu moins maigre. Elle arriva devant le miroir et observa
son reflet. Ce dernier lui fit un signe moqueur de la main, puis
il rejeta sa tête en arrière pour partir d’un grand éclat de rire.
Il allait toujours mal, mais Sonia ne pouvait pas nier qu’il s’était
légèrement amélioré. Il se tenait plus droit, reprenait confiance.
Les premières fois, le reflet s’était contenté de la regarder d’un
regard accablé, mais au fur et à mesure il devenait plus présent,
il lui faisait des sourires, des grimaces, et des mimiques. Sonia
lui tira la langue et approcha lentement sa main du miroir.
Dans la glace, à côté de lui se tenait un homme, grand de
taille, musclé et blond. La jeune fille eut à peine le temps de se
retourner que l’homme du comptoir la poussa dans le miroir.
Elle traversa la surface et elle disparut.
Assis sur un balcon, un homme lisait un journal, une expression
torturée sur le visage, des larmes de culpabilité dévalant ses
joues. Il était grand, musclé et blond.
Disparition !
La police a déploré hier la disparition tragique d’une jeune
étudiante de 17 ans nommée Sonia. Mais ce n’est pas tout ! Après
étude approfondie on est capable d’affirmer qu’elle se trouvait
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