Nous du Collège n°298, mars 2023
[Nous du Collège n°298, mars 2023 : version consultable en ligne, cliquez]
(version compatible desktop & smartphone)
[version pdf à télécharger (70MB) - version réduite pdf à télécharger (17MB)]
Éditorial
P. Charbel Batour, S.J.
Recteur
Le lecteur ou la lectrice des pages suivantes du Nous pourrait croire que le Collège Notre-Dame de Jamhour se trouve sur un autre continent ou carrément sur une autre planète… De fait, malgré ce qui se passe autour de nous, la vie continue ! C’est le constat le plus simple à faire. Visites officielles, célébrations diverses, événements culturels, rencontres, débats, voyages, compétitions sportives, camps scouts, actions sociales, activités du MEJ, élection d’un nouveau comité de parents au CSG, rencontres avec les Anciens, nomination d’un nouveau recteur, et j’en passe.
La Colline ressemble à une île à la fois paisible et débordante de vie, située en réalité, au cœur d’une mer agitée… et quelle agitation ! En témoignent les dessins ci-dessous, réalisés par deux de nos élèves après une série d’intempéries et de tremblements de terre qui ont marqué ces dernières semaines… Ces illustrations reflètent parfaitement l’esprit du Collège. Elles ont été conçues au moment où l’on luttait contre la peur et l’inquiétude générées par les tremblements de terre, qui continuent d’ailleurs, jusqu’au moment de rédaction de cet éditorial, à secouer toute la région de la Méditerranée orientale. Elles expriment la volonté d’une communauté qui refuse de céder à « l’esprit du temps » régnant en maître dans notre pays. Mélange de paresse et d’irresponsabilité, cet esprit est un phénomène « ancien-nouveau » qui se traduit notamment par la promptitude à fermer les institutions éducatives quand surgit n’importe quelle difficulté alors même que les autres secteurs de la vie sociale et économique continuent de fonctionner. Sous prétexte de mesure préventive, l’on préfère que les élèves restent chez eux pendant que leurs parents travaillent. Autant dire que ces façons de faire sont propres au Liban.
Dans notre pays, les journées scolaires sautent pour un oui ou un non, le travail scolaire est interrompu pour des raisons parfois futiles et irrationnelles sans que personne d’ailleurs ne se soucie de l’impact, délétère, que cela aura sur le niveau scolaire et sur la qualité de l’enseignement. Ce qui illustre bien cette attitude, c’est la fermeture de toutes les écoles et universités le 21 février dernier, suite à une décision ministérielle, le lendemain d’une secousse en Turquie, bien moins forte que le tremblement du 6 février. En cette journée du mardi 21 février, Jamhour était la seule institution éducative à poursuivre le travail. Le 22 février, toutes les écoles et universités ont rouvert leurs portes sans vraiment justifier les raisons de la fermeture ni les raisons de l’ouverture… C’est ainsi en réaction à « cet esprit du temps », que nos deux dessins ont réussi à cristalliser, rien que par la simplicité des lignes et couleurs, l’esprit du Collège.
Dans la série d’évènements ordinaires que j’ai cités au début de cette page, il en est un qui n’est pas très commun, il faut dire, et qui a lieu tous les six ou huit ans. Comme il le dit dans sa lettre qui figure dans le Nous, le Provincial de la Compagnie de Jésus au Proche-Orient et au Maghreb a nommé un nouveau Recteur du Collège à partir de l’année scolaire 2023-2024. Le Père Marek Cieślik, le Vice-Recteur actuel, portera le flambeau de notre institution pour les quelques années à venir.
En préparation depuis deux ans, cette nomination est tout à fait ordinaire dans une institution qui respecte les délais et les mandats prévus. Être à la tête d’une institution comme Jamhour n’a jamais été un privilège pour les jésuites mais plutôt un service qui s’inscrit dans une durée limitée pour qu’il reste efficace et constructif. La communauté aura un homme sage et solide pour la guider, elle réussira à traverser les différentes difficultés qui se profilent à l’horizon. Le changement du directeur d’une institution comme Jamhour ne signifie guère un changement de direction. Conçue et exercée selon la tradition ignatienne, la direction du Collège reste la même. Les personnes viennent pour y collaborer, chacune assurant le service dans son style propre, mais elles doivent un jour partir pour donner la chance à l’institution de se renouveler et de se redynamiser. Les personnes passent mais l’institution demeure. Ce qui compte, c’est de continuer d’assurer un service éducatif de qualité dans un pays où le seul investissement qui vaille vraiment la peine, c’est l’éducation de qualité de la jeunesse.
Nous souhaitons au nouveau Recteur des temps moins troubles que les huit ans précédents. Les crises inédites qui ont frappé de plein fouet notre pays seront, dans quelque temps, derrière nous. Le soleil se relèvera et de ses cendres, le Liban renaîtra. C’est notre histoire et c’est notre destinée. C’est aussi notre foi, sinon comment rendre compte de la Résurrection qui n’est qu’une Renaissance de la Vie, traversant et vainquant la mort. Le sens de Pâques, que nous célébrerons dans quelques jours, ne fait que féconder le travail ordinaire. C’est la raison de notre espoir et la force de notre espérance. Cet Évènement Fondateur de notre foi est la source à laquelle puisera le Collège pour retrouver des forces neuves et faire face à toutes les difficultés.
La Vie aura le dernier mot et la Lumière vaincra les ténèbres, quoi qu’il arrive ! D’avance, bonne fête de Pâques !