Flânerie au Mexique (19/05/2010)

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Salsa – Jamhour

Il y a quelques semaines, cette curieuse annonce avait paru dans les pages d’un grand quotidien : « Cours de salsa au Collège Notre-Dame de Jamhour ». On aurait pu se méprendre sur cette information et croire que le programme académique du Collège comportait désormais une nouvelle matière. Mais précisons que ces cours très particuliers ne visaient pas les examens officiels (Dommage !) ; ils étaient proposés aux flâneurs qui voulaient s’entraîner au rendez-vous culturel de la soirée du 19 mai 2010.

Ce soir-là, la flânerie au Mexique, dernière manifestation de l’année culturelle, devait connaître son apothéose grâce aux rythmes irrésistibles de la salsa mexicaine.

Emportés par cette musique ensorcelante, de nombreux convives s’élancèrent sur la piste devenue trop petite, pour vibrer de tout leur être dans cette danse : salsa-Jamhour, Ollé !

Remarquons que le boute-en-train le plus dynamique et le plus convaincu de cette fête, n’était autre que Monsieur l’ambassadeur du Mexique lui-même.

Son épouse et lui-même s’en donnèrent à cœur joie pour entraîner les amis du Mexique dans cette atmosphère chaudement enfiévrée de la danse la plus mexicaine qui soit.

Mais ce final joyeux de la soirée avait commencé sous les auspices les plus authentiques du Mexique : la téquila et les Mariachis.

Connaissiez-vous l’art subtil de servir et déguster la téquila ? Les trois serveurs préposés à cet office étaient des artistes en leur matière, jonglant avec les verres et les bouteilles. L’amateur curieux de ce breuvage authentique, distillé à partir de l’agave, pouvait sélectionner sa préférence : la Reposada, l’ Anejo ou la Blanco. D’un coup de main sûr et élégant, les serveurs faisaient de ce service une liturgie consacrée à ce breuvage. La téquila Don Julio, dès que les lèvres effleuraient le bord du verre glacé, participait à l’échauffement des corps et des esprits pour partir à la conquête culturelle du Mexique.

N’oublions pas dans cet arsenal du bon goût la fraîche Corona, bière mexicaine de renommée mondiale.

Ainsi, l’esprit dûment disposé, le flâneur, mis en appétit par quelques gâteries apéritives, pouvait s’ouvrir à ce pays d’outre-Atlantique, dont le nom évoque des civilisations fabuleuses et une épopée coloniale. Mais le Mexique reste pour les Libanais ce pays accueillant pour des générations d’émigrés.

Deux pôles complémentaires permettaient aux flâneurs de parfaire leur connaissance du Mexique.
« Les sites du Mexique, patrimoine de l’humanité » tel était le titre de l’exposition de photographies. Toutes captèrent l’attention et l’admiration des visiteurs. Dans la beauté de ces sites, elles retracent les étapes d’une grande histoire : sites archéologiques, monuments pré hispaniques, période espagnole et enfin le Mexique contemporain, issu de ce riche patrimoine.

On s’oblige à faire un choix parmi ces vues : antiques maisons préhistoriques de Paquimé, temples, pyramides, cités de la période préhispanique : Teotihuacan , Chichen Itza, Palenque, El Tajin, Uxmal, Calakmul… autant de reflets des grandes civilisations qui sont le cœur hispanique du Mexique ; puis ces églises, ces missions, héritage de la période hispanique, centre historique de Mexico, Puebla, Zacatecas, Oaxaca, Querétaro… À ce patrimoine s’ajoute désormais les sites naturels du Golfe de Californie…

Synthèse de deux mondes séparés par l’Atlantique, le Mexique a créé sa propre civilisation et sa culture propre, exemple d’harmonie et d’enrichissement mutuel.

La projection du film documentaire approfondit ensuite cette vision initiée par cette série de photographies. Ce film était d’un intérêt exceptionnel. Toutes les régions du pays furent visitées et chacune d’entre elles offrit ce qu’elle avait de plus mexicain, par son cadre géographique, par son histoire, par son patrimoine et par sa dimension humaine et sociale.
À ces images, il convenait d’apporter un vrai témoin pour que ce qui avait été vu devienne une réalité sensible : ce fut tout l’art de M. Issa Ghorayeb, célèbre et pertinent éditorialiste de L’Orient-Le Jour. Il retraça cette saga familiale qui est la sienne, car né au Mexique d’une mère mexicaine, il représente le libanais type qui, par l’émigration, pratique l’enrichissement culturel.

Le P. Bruno Sion, dépositaire du patrimoine de la Compagnie de Jésus, ouvrit d’autres pages : celles de l’histoire de la compagnie avec le Mexique. Il nous livra un témoignage de ce qu’est l’inculturation missionnaire. Trois noms de jésuites mexicains furent évoqués :

  • Juan de Tavar, XVIe siècle. Il fut le premier métis à entrer dans la Compagnie. Il se dévoua aux plus pauvres, soignant les malades de la peste. Il se consacra aux populations indigènes dont il parlait les langues. Sa « Relación del origen de los indios que habitan esta Nueva España » est un ouvrage de référence.
  • Francisco Javier Clavijero, XVIIIe siècle, fut enseignant et historien. Il rédigea son œuvre « Histoire ancienne du Mexique » en dix volumes.
  • Le Bienheureux Miguel Pro, béatifié par le Pape Jean-Paul II, fut la victime des persécutions religieuses des années 1920. Le Mexique compte aujourd’hui 373 jésuites.

Madame Joumana Hobeika synthétise alors tout le capital culturel du Mexique, fier de ses civilisations millénaires « À lui seul, le Mexique peut justifier de passer toute sa vie à admirer et à étudier les connaissances des Mayas, l’esthétisme des Olmèques, l’esprit sportif des Toltèques ou l’organisation militaire des Aztèques ».

Puis par un chemin balisé par mille bougies, (Merci Madame Abi Hachem !), les flâneurs se dirigent vers la plateforme extérieure du Centre Sportif.

L’aimable bande de Mariachis passèrent donner l’aubade à chaque table : sombreros et accordéons pour célébrer la fête de cette ultime flânerie de notre année culturelle.

Monsieur Jorge Alvarez Enentes intervint pour nous parler avec art de la gastronomie mexicaine qui commençait à apparaître sur nos tables :

« La cuisine mexicaine est à la fois une cuisine du soleil et une cuisine du cœur. Ses couleurs évoquent les mille et un paysages ensoleillés du pays et sa biodiversité reflète l’abondance et la générosité de son peuple.

Ce dîner est l’occasion prodigieuse de découvrir la vraie gastronomie mexicaine, ainsi que ses fameux ingrédients…
Les plats que le chef Isabela Dorantes (ovation de l’assemblée) nous a choisis fleurent bon nos sources et font la fierté du Mexique ».

Mais déjà les fins gourmets que sont devenus les flâneurs s’extasient sur ces trésors gastronomiques précieusement déposés dans les assiettes. Prononçons encore les noms exotiques de ces mets qui expriment le goût du Mexique gourmand : Tostadas de charalitos…,  quesadillas…, chicharrones…, napales…, pour soutenir cet assaut, « Le Blanc Catering » avait sélectionné deux grands maîtres des crus libanais : Hochar Père et Fils 2002, Musar cuvée Blanc 2008.

La fête de la culture étant à son comble : musique des mariachis, plats gastronomiques, vins délicieux, danse et propos amicaux…

Sous le noble drapeau mexicain, la fête de la culture et de la danse unissait dans une même joie festive tous les invités et tous les convives. Le Mexique dans ses réalités humaines, culturelles, musicales et conviviales avait émigré pour un soir à Jamhour. Il y était même chez lui comme nous mêmes nous nous sentions chez lui.