Mia Jamhouri, les pieds sur terre et les yeux dans les étoiles

Printer-friendly versionSend by email

L'Orient-Le Jour
Culture
Le Salon en livres et en rencontres
Par Colette KHALAF | jeudi, octobre 28, 2010

Mia Jamhouri - Laure dessine

Mia Jamhouri signe son premier roman, « Laure dessine » *. Architecte de mots et d'émotions, l'auteure, dont la plume unique trempe dans l'encre de la vie, suscite le respect et l'admiration.
Lorsque Laure dessine, Mia Jamhouri écrit. À seize ans, la jeune fille écrit son premier roman de fiction, Laure dessine. À dix-sept ans, elle le corrige. Aujourd'hui, à vingt ans, elle a décidé de l'éditer chez Tamyras. Comme un travail en construction. Et si cet ouvrage est le premier roman de l'auteure, cette dernière n'est pourtant pas à ses premiers écrits. De ses poèmes de petite fille de sept ans à sa douzaine d'introductions de romans inachevés qui sommeillent sur l'écran de son ordi, en passant par les centaines d'idées qui caracolent dans sa tête, Laure dessine est son premier projet abouti. «Et j'en suis très fière, affirmera-t-elle. Si cet ouvrage a vu le jour, c'est principalement grâce à ma mère qui m'a encouragée à l'éditer en le faisant lire d'abord à mon professeur de français, ensuite à des amis qui se sont très vite enthousiasmés», poursuit-elle.

Une immersion en soi
Une écriture qui s'est nourrie d'un milieu où l'on accorde de l'importance aux livres. «Enfant, je lisais beaucoup, avoue Mia Jamhouri, car j'ai grandi au sein d'une famille qui aime la lecture, mais au-delà du nombre de livres que je lisais parfois en cachette, dit-elle en rigolant, l'important était la manière dont je le faisais et les discussions qui s'ensuivaient avec mon père.»
De cette plongée dans l'univers livresque est née donc une écriture à la fois jeune et mûre. En lisant pour la première fois son ouvrage, Tania Hajithomas Mehanna (éditions Tamyras) dira que Mia Jamhouri possède une maîtrise sans pareille de l'écriture. Le roman qui a nécessité trois mois de cogitation a ressurgi ainsi, quelques années après. Le projet sera alors soumis à deux maisons d'édition: Gallimard jeunesse qui répond qu'il est trop adulte pour les jeunes, puis Tamyras qui l'adopte aussitôt.

Laure, qui tout en ne ressemblant pas au monde qui l'entoure, ne lui est pourtant pas indifférente! Le personnage n'est pas un simple spectateur. La jeune fille est dans la trame de la vie, dans ses fibres et ses battements, aussi irréguliers soient-ils. Personnage de fiction («même s'il y a un peu de moi en elle, forcément puisque je l'ai créée», dit Mia Jamhouri en souriant), «Laure est belle, longue et mince, une fille de l'automne avec ses taches de son, ses boucles rousses, ses yeux encombrés de nuages. Dans sa chambre, des dessins et des toiles éparpillés, des portraits d'inconnus et des paysages torturés...» Laure dessine les personnes qui l'entourent, leurs caractères dans leurs harmonies et disharmonies.
«C'est le titre qui m'est venu en premier», précise la jeune auteure qui dit regretter ne pas savoir dessiner comme Laure, mais affirme aussi son désir de faire connaître son personnage à travers le regard des autres. «C'est pourquoi parfois je fais parler son entourage. Une adolescente n'est jamais clairvoyante et ne se connaît jamais assez», précise-t-elle. «Pour écrire, dit encore Mia Jamhouri, il faut avoir de l'expérience et se plonger dans la vie en se laissant imprégner comme une éponge.» La jeune fille observe, capte, enregistre, pour enfin créer cet ouvrage. «L'écriture n'est pas une évasion, précise-t-elle, mais une immersion en soi.»
Et quand on lui demande si ses autres esquisses de romans seront achevées plus tard, elle répond qu'elle n'en sait rien. Sa seule certitude, c'est qu'elle est «en quête du livre idéal» et que tout ce qui compte pour elle, c'est «d'atteindre la maturité nécessaire pour connaître les êtres. Quelle que soit la carrière que j'embrasserai plus tard, j'aimerai renaître chaque jour neuve», dit enfin Mia Jamhouri.
Ce souhait prend, soudain, l'allure d'un croquis bien concret sur le canevas de la vie.

* Signature au stand Tamyras, samedi 30 octobre, à 17h00.