L'Orient-Le Jour : Jade Bassil, curiosité et logique

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Dans l'air
Jade Bassil, curiosité et logique

Carla Henoud | OLJ - 07/07/2014

Rencontre

Elle a obtenu un 20/20 au bac français 2014 en série S, spécialité SVT, option mathématiques. Ou, pour être plus précis, 20,26 sur... 20 ! Heureuse, sûrement, même si la supernote n'a jamais été pour elle un objectif en soi, Jade Bassil est surtout ravie de partager son exploit, qui a fait boule de neige, avec ses amis, sa famille et ses (nouveaux) amis au Liban et à l'étranger. Elle est juste « happy » !

On s'attend, avec des résultats pareils, à voir débarquer une jeune fille plutôt moche, mal dans sa peau, stressée, légèrement boutonneuse et un peu « nerdy ». Le cliché parfait de la plus que première de classe. Et voilà que débarque Jade Bassil, (prononcez Djayd), avec un sourire aussi lumineux que son regard.  Belle comme un cœur, comme une fleur en plein épanouissement, pétillante, avec cette chose en plus qui ressemble à de la maturité. Une maturité enjouée! Elle a été la « bonne nouvelle » de la semaine, elle sera la bonne nouvelle du mois. Une tache de couleur dans le sombre tableau quotidien. La preuve aussi que le pays peut « fabriquer » de belles choses. Il suffit de chercher et de regarder ailleurs...

Comme la presse et la télé l'ont annoncé la semaine dernière, Jade Bassil, élève au Collège Notre-Dame de Jamhour, a donc obtenu une moyenne plus qu'excellente et rarissime au bac français en série S, spécialité SVT (Sciences de la vie et de la terre), option mathématiques. 20 sur 20, pour arrondir les chiffres, soit 770 points sur... 760 ! « J'ai étudié pour chaque évaluation. C'est normal, pour moi, de me donner à fond, confie-t-elle. Entre avoir un 19,52 et un 20, la différence est grande. Ce n'est pas vraiment la note mais l'excellence. » La jeune fille, 17 ans au compteur, avoue juste (aimer) écouter en cours, établir une communication personnelle avec ses professeurs, tout saisir, au jour le jour, avec sa mémoire et sa mémoire visuelle, durant ce moment, puis revenir chez elle clarifier et synthétiser. « Je suis professeur de dedans ! » dit-elle.

Le mérite revient aussi, beaucoup, à l'environnement familial de Jade. « La maison du bonheur », comme elle la qualifie, dans laquelle elle grandit, auprès de Sacha et Sami, sa sœur et son frère, de son père Hady, installé en Arabie saoudite, qui lui a toujours répété qu'elle « changera le monde », et de sa mère Katia, boule d'énergie et de fantaisie, qui lui a communiqué sa culture et sa curiosité des choses. Katia, passionnée, bavarde, aime à raconter qu'une éducatrice, qui n'avait pas revu Jade depuis la garderie, a vite reconnu les yeux, le sourire, une quinzaine d'années plus tard, car « Jade est une personne que l'on n'oublie pas » ; qu'en classe de 7e, déjà, les professeurs avaient décelé qu'elle était « capable de prendre ses décisions toute seule » ; que cette jeune adolescente bien dans sa peau pratique le piano, l'équitation, le hand-ball et le ballet classique depuis quelques années ; qu'elle aime la mode (Dior en particulier), qu'elle est gourmande, ne résiste pas aux fondants au chocolat, et qu'en plus elle est amoureuse depuis un an ! Voilà qui est dit, avant de préciser : « Ce qui compte pour elle, c'est de comprendre le pourquoi et le comment des choses, le processus plus que l'aboutissement », et de lui donner la parole, fière.

Comprendre et assimiler
« Mes parents ont été très inspirants, des aventuriers qui nous ont toujours encouragés à faire sans trop en faire. » Et de citer quelques-uns de ses meilleurs souvenirs, des virées à Baskinta à 4 heures du matin, des anniversaires fêtés avec une guitare, autour d'un feu de bois, sous les étoiles, des voyages improvisés, une ouverture d'esprit, un partage intellectuel. À la veille du bac, Jade a très facilement révisé les 26 chapitres.

Quelques heures auront suffi pour en faire le tour, elle était déjà préparée dans sa tête. Ce sont les détails qui auront fait la différence, et le plaisir spontané et personnel d'apprendre. 20 en maths, 18 en philo, 20 en français écrit, 19 en français oral, 20 en histoire-géo, et enfin 20 en espagnol et 20 en art et théâtre, deux épreuves facultatives qu'elle a choisi de faire « parce que j'en avais envie ». Et quand on lui demande pourquoi les avoir prises, alors qu'elle n'en avait nullement besoin, elle répond : « Pourquoi pas ? » Le bonheur, immense, qui a suivi est surtout, souligne-t-elle, « celui d'avoir rendu les gens heureux ». Des amis, des proches, mais également des inconnus qui ont partagé l'exploit sur les réseaux sociaux. Un exploit également applaudi par le ministre de l'Éducation qui a remis à Jade la médaille du Mérite.

Dans ses projets à venir, les États-Unis, car Jade a été acceptée à l'Université de Pennsylvanie où elle commencera dès la rentrée des études en génie biochimique. Elle fera en même temps, ce qui n'étonne personne, un major conjugué en PPE (Philosophy, Political Science & Economics), qui va, précise-t-elle, « me distinguer plutôt que d'être superspécialisée ». Elle a eu un avant-goût de cette expérience américaine l'été passé, après avoir passé 7 semaines à Harvard Summer School à se plonger dans les relations internationales et une introduction à la philosophie. Elle y a décroché (évidemment) deux A+ dans chacune des matières. De plus, dans un exercice baptisé MUN (Model United Nation), une simulation des Nations unies, elle a représenté l'Allemagne et obtenu le prix « Diplomacy award » pour ses recherches, son travail et surtout ses talents de diplomatie et de persuasion.

On ne peut donc que lui souhaiter bon vent ! Et surtout, de n'en faire qu'à sa tête, bien à sa place, pas loin du cœur (de sa mère)...

 


Jade Bassil, une belle réussite.