Fête de l’Indépendance édition 2016 au Collège Notre-Dame de Jamhour

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Au Collège Notre-Dame de Jamhour, la Fête du Drapeau, célébrée la veille de la Fête de l’Indépendance, est plus qu’une cérémonie : elle est l’occasion, pour tous ceux qui la vivent, d’honorer la mémoire des martyrs, de célébrer l’action héroïque de ceux qui ont lutté pour l’indépendance du Liban, et enfin de redonner tout son sens au sentiment d’appartenance et d’engagement envers la patrie.

Pour l’édition 2016, la cérémonie s’est déroulée le lundi 21 novembre au Grand Collège, à la Salle Omnisports (Centre sportif), en présence du Révérend Père Recteur P. Charbel Batour S.J., du Vice-recteur le Père Denis Meyer s.j., du Secrétaire Général de l’Amicale des Anciens de Jamhour M. Nagy Khoury ainsi que de l’invité d’honneur le Général Chamel Roukoz, ancien chef des commandos de l’armée libanaise, accompagné de son épouse.

Le vrai sens de l’indépendance

Élèves (6e à Te), éducateurs, pères spirituels, préfets et accompagnateurs étaient nombreux sur les gradins pour vivre ce temps fort, inauguré par les chants patriotiques de l’indétrônable Feyrouz. Le mot d’accueil, prononcé par Mme Violette Ghorra coordinatrice des cérémonies au Grand Collège, a mis l’accent sur la double signification de la fête célébrée : d’une part, la symbolique du drapeau libanais qui flotte toujours fièrement malgré les vents contraires ; d’autre part, le sens véritable de l’indépendance que le Général Roukoz incarne parfaitement puisqu’il est un symbole vivant du sacrifice et de l’amour de la patrie.


Après l’hommage au Drapeau, la fanfare de l’école de musique a défilé solennellement, suivie de la parade des Secondaires tenant chacun par la main un jeune élève en tenue militaire. Puis, moment hautement symbolique, Jad Roukoz 12e (fils du Général Chamel Roukoz) a gravi les marches de la tribune des martyrs et a déposé une rose blanche au pied d’un panneau portant l’inscription suivante :  المجد والخلود لشهداء الجيش اللبناني  (Gloire et éternité aux martyrs de l’armée libanaise) avant de monter sur les gradins pour remettre une rose au Père Recteur, une à son père et une à sa mère.

Deuxième temps fort de la cérémonie, l’hymne national entonné par tous les présents, qui ont uni leurs voix à celle de la chorale des Terminales. Une minute de silence a été ensuite observée en mémoire des martyrs de l’armée et de la patrie. Puis vint le tour des 6e d’interpréter un chant patriotique de Pascale Sakr للغار، للمجد وجّك ما بينطال

Un mot sur les discours qui ont été prononcés à l’occasion

Mot de Tamara Farah et Nader Aridi, élèves de Te
Dans son mot, Tamara Farah a mis en lumière le rôle crucial qu’ont joué les héros de l’indépendance du Liban en 1943 en prenant notamment comme point de référence l’événement Rachaya : ainsi des figures comme Riad Solh, Camille Chamoun (et d’autres hommes politiques de l’époque) qui ont lutté au péril de leur vie devraient servir d’exemples, de modèles à suivre pour les Libanais d’aujourd’hui. Indépendance et sacrifice vont ainsi de pair… Et Tamara de conclure « Tant qu’il y a des héros, il y a indépendance ».
Toujours dans la même perspective, Nader Aridi a souligné la légitimité de la remise en question de cette cérémonie festive d’autant que la situation de notre pays, qui dégénère depuis de longues années, est sans précédent. Il a appelé dores et déjà à changer les choses, insistant sur le fait que les jeunes d’aujourd’hui sont la force agissante et les adultes de demain. Se référant au président américain Kennedy, Nader a ainsi conclu- en substance : Le travail vertueux donne la gouvernance valable (cf. Kennedy : « Ne demande pas à ton pays ce qu’il peut t’offrir, demande-lui ce que tu peux lui offrir ») ; il est temps pour nous de tourner la page de la guerre, ce n’est pas cela notre Liban… La véritable force réside dans la solidarité du peuple.      

 
Mot du Général Chamel Roukoz
Le Général Roukoz a d’abord exprimé sa joie d’être parmi nous. Il a ensuite félicité les élèves pour le mot prononcé et a enchaîné aussitôt sur la symbolique du drapeau libanais, que chacun se doit de respecter, ce drapeau pour lequel les martyrs ont donné leur vie… Il a souligné le fait que les pères de l’indépendance ont choisi le cèdre parce qu’il symbolise la force et la résistance… Pour étayer son propos, le Général a établi un parallélisme (sinon une équivalence) entre indépendance et liberté ; et aussitôt de rajouter que garder l’indépendance est plus dur que d’y parvenir une première fois, si bien que ne pas en prendre soin coûte que coûte entraîne du coup la perte de la liberté et des compétences nécessaires pour l’acquérir (« L’indépendance, c’est une révolution permanente ; on n’arrête jamais de gagner cette indépendance »).
Il a aussi affirmé que pour garantir une justice saine, il faut que tous les ministères travaillent en coopération. Se référant au slogan de l’armée « Honneur, sacrifice, fidélité » شرف، تضحيّة، وفاء
le Général Roukoz a insisté sur le fait que, pour nous acquitter de notre dette envers nos pères, nous devions aimer notre patrie et la servir. Il a conclu en disant que l’on ne doit pas être influencé par les forces du mal : aujourd’hui, nous tournons une nouvelle page de notre histoire afin de pouvoir continuer à fêter l’indépendance d’un Liban digne لبنان الكرامه.

Mot du Révérend Père Recteur
Après avoir remis au Général Roukoz une plaque souvenir en reconnaissance, le Père Recteur a chaleureusement remercié le Général pour sa présence, voyant en lui un membre de la grande famille de Jamhour. S’adressant à tous les présents, le recteur a d’emblée mis en lumière le fait que l’ancien chef des commandos de l’armée est avant tout un homme d’action, un exemple vivant de patriotisme et d’abnégation. Sept à huit fois blessé durant les combats, il porte dans sa chair même les stigmates de la longue guerre du Liban. Ensuite, son regard s’est porté sur la signification des couleurs et éléments constituant le drapeau. Il a insisté sur la centralité de la vie dans une nation qu’incarne le symbole du cèdre. Une nation est faite pour y vivre d’abord, le martyre n’est que pour conserver la vie. Confiant, le Père Batour a souligné que cette année, après une attente qui a longtemps duré, on a enfin un président ; c’est un nouveau souffle pour le pays… Car les élections ont été le fruit d’une série de réconciliations et d’ententes entre les Libanais. Mais pour réaliser et vivre pleinement l’indépendance de notre pays (comme en 1943), il nous faut poursuivre les réconciliations pour qu’on vive la joie de la rencontre véritable entre les Libanais… S’adressant enfin aux élèves de Terminale, le Père Recteur les a conviés à agir d’une manière concrète pour leur pays : « Vous êtes la richesse du pays… Faites quelque chose pour votre pays… L’indépendance n’est pas de vaines paroles mais des actions réelles, concrètes, comme le dit d’ailleurs un extrait de l’hymne national : « قولنا والعمل ». L’accent a ainsi été mis sur le sens profond et véritable de l’indépendance : l’indépendance se traduira dans le sérieux de votre travail scolaire, dans l’engagement, dans la responsabilité, dans le développement des compétences et des talents, dans la citoyenneté, dans le désir de donner le meilleur de vous-mêmes… Les Libanais qui se sont illustrés sur la scène internationale et qui ont porté haut les couleurs du drapeau sont nombreux, en témoignent les exemples d’Anciens donnés par le recteur à ce sujet : Carlos Ghosn, Amine Maalouf, Gabriel Yared… De fait, chacun d’eux réalise, dans son domaine et champ d’action, l’indépendance du Liban.

Dernier volet de la cérémonie : la figure chorégraphique réalisée par des élèves de Terminale sur les airs du chant patriotique « راجع راجع يتعمّر ». Enfin, pour clôturer la célébration, au fur et à mesure qu’un groupe d’élèves déroulait une longue bannière sur laquelle figurait 24/7/10452, représentant les élèves de terminale portant des t-shirts aux couleurs du drapeau libanais et positionnés de sorte à former ce slogan, Majd Abdo (Te) expliquait au micro la signification des chiffres représentés à l’image de l’armée libanaise qui ne connaît aucun moment de répit ; qui protège le pays 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, avec pour but de défendre chacun de nous et chaque mètre carré de la superficie du territoire libanais… Gardiens infatigables et garants de la souveraineté des 10.452 km2, mais aussi de notre sécurité et de notre identité, les martyrs de l’armée ont payé le prix fort, leur vie, par amour pour leur patrie et pour nous tous Libanais… (visionner la vidéo sur le canal Youtube du CNDJ)

Éloquent le bouquet final : le lâcher de ballons rouges, blancs et verts signe certes la fin de la cérémonie mais il symbolise le début d’une aventure, celle (au sens fort du mot originel en latin adventura, « ce qui advient ») d’une histoire qui n’a de cesse de s’écrire, d’une identité libanaise en éternel devenir… une identité qui, forte et riche de toutes ses diversités, unit tous les Libanais au-delà de leurs divergences : tous unis par et pour la patrie… كلنا للوطن…

Ginette Salha
BCP