Agenda : Hommage à Naïm Chrabieh
OLJ - 01/05/2017
Cher papa, je quitte le Liban pour la énième fois, rejoignant la cohorte des migrants et nomades chevronnés. Toutefois, ce départ est accompagné d'une plaie de feu.
Assise dans un coin désuet de l'aéroport de Beyrouth, ville de paradoxes, de convivialité et d'identités meurtrières, je cherche les mots pour écrire la douleur.
Ta mort soudaine, brutale, absurde est pénible à vivre. Ton départ frappe tel un ouragan que rien ne laisse présager. Tel mon beau-père, des années avant toi, assassiné en Irak de sang-froid, ton départ ne laisse aucune possibilité de préparation. Celui-ci laisse en fait des inachevés et des non-dits qui sont lourds à porter, tels tant d'autres départs d'une terre moyen-orientale meurtrie par les guerres successives ; des départs qui ne s'inscrivent pas dans l'ordre naturel des choses.